L'ancien président du Ghana Jerry Rawlings

 L’ancien président du Ghana, Jerry John Rawlings qui a dirigé le Ghana  de 1981 à 2001, est décédé à Accra ce jeudi 12 novembre 2020. L’annonce de son décès a déclenché de très nombreuses réactions en Afrique et à travers le monde. «Un baobab est tombé», a regretté le président ghanéen Nana Akufo-Addo, qui a également décrété un deuil national de 7 jours et ordonné la mise en berne du drapeau national.

 «Avec sa disparition, l’Afrique perd un panafricaniste et le Ghana un homme de conviction, un patriote qui a su remettre son pays sur le chemin de la croissance et de la démocratie », a réagi pour sa part le président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré, jugeant qu’avec le décès de l’ancien président ghanéen, «le Burkina Faso perd un frère, un ami sincère».

« Le Ghana, le Liberia et l’Afrique perdent un grand leader, a regretté le président libérien George Weah. Le Liberia se souvient de son immense contribution à la réalisation et au maintien de la paix pendant les jours sombres de notre propre histoire. » « L’Afrique a perdu un pilier du panafricanisme et un homme d’État continental charismatique », a renchérit Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’Union africaine.

Brève biographie

Né à Accra d’une mère ewe et d’un père écossais, Jerry Rawlings se fait remarquer très tôt pour son franc-parler et son envie de révolte. Jeune homme doué et brillant, il s’engage dans l’armée de l’air et obtient, en quelques années, le grade de flight lieutenant (l’équivalent du rang de capitaine dans l’armée de terre).

En mai 1979, il participe à son premier coup d’État militaire. C’est un échec : il est arrêté, traduit devant une cour martiale – juridiction devant laquelle il choisit de se défendre seul – et libéré quelques semaines plus tard par un groupe d’officiers qui rêvent d’en découdre avec une hiérarchie qu’ils estiment corrompue. Ensemble, au mois de juin suivant, ils renversent pour de bon le régime de Fred Akuffo.

Rawlings est porté à la tête du pays et s’engage à rendre rapidement le pouvoir aux civils. Promesse tenue : des élections générales sont organisées et, trois mois plus tard, Rawlings s’efface pour céder la place à Hilla Limann, tout juste élu président. Jerry Rawlings a à peine plus de trente ans et il est déjà très populaire au Ghana.

Mais il ne restera pas longtemps dans l’ombre. Écœuré par le régime d’Hilla Limann, dont il fustige la corruption et la mauvaise gouvernance, Rawlings reprend les armes en décembre 1981. Il renverse Limann, prend la direction du Conseil provisoire de la défense nationale et s’installe durablement au pouvoir.

Par la suite, Jerry Rawlings engage son pays sur la voie de la démocratisation. En 1992, il démissionne de l’armée et fonde le National Democratic Congress (NDC). Élu démocratiquement en 1992, il sera réélu en 1996 pour un second mandat à la tête du Ghana.

Après son départ de la présidence, Rawlings conservera un agenda chargé, voyageant à travers le continent et jusqu’aux États-Unis ou en Europe, pour participer à nombre de conférences. Accueilli à chaque fois en guest star, cet homme charismatique qui fut l’ami du feu président révolutionnaire burkinabè Thomas Sankara, avait les mêmes convictions politiques à savoir : le panafricanisme, la bonne gouvernance et le développement.

Que la terre libre d’Afrique lui soit légère.

IB

 

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