L’armée burkinabè, arrivée au pouvoir le 24 janvier 2022, avec l’objectif d’améliorer la situation sécuritaire nationale, vient d’opérer un changement interne en confiant désormais la conduite du pays au capitaine Ibrahim Traoré. L’événement en soi s’apparente à un réaménagement du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR), l’organe mis en place par l’armée dès le 24 janvier 2022 pour gérer le pouvoir. Dans le fond, les militaires ont décidé de recadrer la Transition en prenant en compte des insuffisances et des limites qu’ils n’ont pas manqué d’énumérer.

La volonté des nouvelles autorités de recentrer les efforts sur la question sécuritaire et la reconquête du territoire sonne comme une réponse à l’appel insistant des Burkinabè dont l’attente légitime de vivre en sécurité dans la cohésion n’est toujours pas comblée. Si cette passe d’armes s’est effectuée au forceps, on peut tout de même dire qu’il y a eu plus de peur que de mal. Le scénario catastrophe, l’affrontement fratricide des compagnons d’armes a été évité. Dans le secret des casernes, c’est sûr, l’ego des uns et des autres a été mis à rude épreuve, les convictions se sont certainement entrechoquées, mais le sens de la responsabilité a encore prévalu.

En aurait-il pu être autrement ? Oui, car pour peu, des nations sont allées à vau-l’eau. C’est tout à l’honneur de notre armée, de son sens de la mesure et de la retenue. Seule la quête de la paix vaut un combat aujourd’hui. Les « militaires en fonction » viennent de donner à suffisance cette leçon. Quel devra être la posture du « militaire en civil » car tenons-le pour dit, pour la sécurité du pays, tout Burkinabè devrait se considérer comme un combattant juste en permission. Leaders d’opinion, acteurs des médias, autorités coutumières et religieuses, jeunes et ainés, il est plus que jamais nécessaire que chacun joue sa partition dans le juste tempo.

Autrement, les terroristes en embuscade et cyniquement intéressés par la situation ont bien là l’occasion de prendre possession d’un pays qu’ils rêvent de dominer. Il y a lieu de mobiliser toutes nos énergies pour combattre le terrorisme et non pour s’entredéchirer. La mobilisation spontanée et spectaculaire qui a suivi l’arrivée du capitaine Traoré doit être dédoublée et redirigée contre le terrorisme. Le messie ou le Zorro héroïque étant une chimère, il est temps de se mobiliser résolument autour de notre idéal commun et de nos leaders pour réaliser l’objectif vital de vaincre le terrorisme et d’aguerrir le pays aux autres défis de la jungle mondiale.

C’est la seule manière de sortir de l’ornière. Nous abreuver de désinformations et poser des actes déplacés ne peut que nous engluer dans cette lutte qui s’avère longue et rude. La paix reviendra, nous l’obtiendrons ensemble, et non dans l’attentisme avec des propos du genre « on verra ce dont il est capable». L’avenir du Burkina Faso  sera le fruit de nos efforts mis en commun, de nos intelligences fédérées, de notre engagement patriotique. Et pour cela, aucune œuvre n’est minime.

Assetou BADOH

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