Plus de huit millions d’habitants du Liptako-Gourma, zone frontalière du Sahel partagée par le Burkina Faso, le Mali et le Niger, bénéficieront d’un nouveau projet de 352,5 millions de dollars conçu dans un cadre régional pour lutter contre le cercle vicieux de la fragilité qui sévit de longue date dans cette région — la zone « des trois frontières » considérée comme l’une des plus pauvres, des plus vulnérables aux facteurs climatiques et des plus marginalisés au monde.

Le Projet communautaire de relance et de stabilisation au Sahel approuvé aujourd’hui par le Conseil des administrateurs de la Banque mondiale soutiendra la mise en place d’infrastructures et de services socio-économiques intégrés, la création de moyens de subsistance et le développement territorial, la collecte de données à l’échelle de la région et la coordination d’activités pour faire face à des risques multidimensionnels et étroitement liés. 

Plus de 80 % des 17 millions d’habitants de la région du Liptako-Gourma vivent dans des zones rurales sans accès à des services de base ou encore à des débouchés économiques, et tirent essentiellement leurs moyens d’existence de l’agriculture et de l’élevage. L’escalade de la violence et des conflits observée au cours des dernières années menace de déstabiliser la région dans son ensemble et de compromettre les progrès du développement. La profonde crise humanitaire, l’insécurité alimentaire et les déplacements forcés provoqués par l’accroissement de la violence sont encore exacerbés par le changement climatique et la pandémie de COVID-19.

Le projet répond à la nécessité de suivre une approche du bas vers le haut, mais aussi une démarche d’envergure régionale pour faire face simultanément aux besoins engendrés par une situation d’urgence et le changement climatique, l’intensification des pressions exercées par les déplacements forcés, la concurrence pour l’accès aux ressources naturelles (y compris les terres et les ressources en eau) et les lacunes de suivi des données régionales.

« Ce projet combine une approche régionale à une action locale, souligne Deborah Wetzel, directrice de la Banque mondiale pour l’intégration régionale en Afrique, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Le dialogue entre les principaux acteurs gouvernementaux et les responsables des actions humanitaires et de développement dans la région servira de base à l’élaboration d’une stratégie concertée ciblant les causes communes de la vulnérabilité face au changement climatique, de la fragilité, des conflits et de la violence. Par la suite, nous collaborerons à la mise en place de plateformes de développement communautaire à l’échelle des différents pays, conçues pour adapter la mise en œuvre du projet aux conditions locales tout en tenant compte des enseignements du dialogue régional. »

Les investissements prioritaires concernent le financement du rétablissement des moyens de subsistance et la création d’activités génératrices de revenus résilientes face au changement climatique, la fourniture de biens ménagers et la mise en place de petits équipements de base dans les collectivités touchées par les conflits. Les communes accueillant une forte proportion de personnes déplacées recevront une attention particulière ; elles bénéficieront notamment d’investissements plurisectoriels visant à élargir l’accès à des équipements et à des services socio-économiques (en particulier pour l’approvisionnement en eau et l’assainissement), d’initiatives pour le développement économique local et d’interventions en faveur de la gestion des ressources environnementales et naturelles. La collecte et le suivi des données nationales et régionales, ainsi que la collaboration et la coordination à l’échelle régionale bénéficieront également d’un appui qui permettra de préparer la voie à l’établissement de futurs programmes régionaux et d’investissements à plus grande échelle.

« Le projet a été conçu dans une optique régionale, selon une démarche qui tient compte des enjeux liés à la situation de conflit et avec une stratégie territoriale intégrée ; il complète ainsi le portefeuille du Groupe de la Banque mondiale dans la région du Liptako-Gourma en fournissant aux parties prenantes régionales, nationales et locales un cadre commun pour renforcer la résilience et appuyer la transition d’une action humanitaire à une action de développement », explique Soukeyna Kane, directrice des opérations de la Banque mondiale pour le Burkina Faso, le Mali, le Niger et le Tchad.

Cette approche s’appuie sur le projet de relèvement et de développement du lac Tchad (PROLAC) de 170 millions de dollars approuvé en juin 2020, qui s’appuie sur une approche de dialogue de développement régional et communautaire pour lutter contre les effets conjugués de la récession socio-économique et des défis de la fragilité, des conflits et de la violence (FCV) en Afrique de l’Ouest et du Centre. Conformément à la stratégie du Groupe de la Banque mondiale pour les FCV, le nouveau projet cible également des interventions pour lutter contre les facteurs de FCV et se concentre sur les populations les plus vulnérables, y compris les personnes déplacées de force.

Le modèle retenu pour ce projet, qui place la communauté au centre des activités, vise à rétablir le contrat social entre les administrations locales et les populations en veillant à ce que les investissements répondent aux besoins les plus pressants des habitants et en favorisant le développement économique local. À l’échelle de la région, environ 8,1 millions de personnes, dont 800 000 personnes déplacées, bénéficieront des interventions menées dans le cadre du projet. Une attention particulière sera portée aux populations vulnérables, qui comprennent les femmes, les jeunes, les personnes déplacées et les personnes handicapées, dans les zones couvertes par ces interventions.

* L’Association internationale de développement (IDA) est l’institution de la Banque mondiale qui aide les pays les plus pauvres de la planète. Fondée en 1960, elle accorde des dons et des prêts à taux faible ou nul pour financer des projets et des programmes de nature à stimuler la croissance économique, réduire la pauvreté et améliorer la vie des plus démunis. L’IDA figure parmi les principaux bailleurs de fonds des 76 pays les plus pauvres de la planète, dont 39 se trouvent en Afrique. Ses ressources bénéficient concrètement à 1,5 milliard de personnes. Depuis sa création, l’IDA a soutenu des activités de développement dans 113 pays. Le volume annuel de ses engagements s’est élevé en moyenne à 18 milliards de dollars au cours des trois dernières années, 54 % environ de ce montant étant destinés à l’Afrique.

Source: Banque mondiale

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