Présidium du Caucus des cadres de l'UPC

L’Opposition burkinabè a fait une déclaration, le 4 septembre 2018, sur l’actualité nationale. Dans cette déclaration lue par le Chef de file de l’Opposition, Zéphirin Diabré, il a été annoncé qu’une marche-meeting des forces vives de la Nation aura lieu le 29 septembre 2018 à la Place de la Révolution, à Ouagadougou.

Depuis l’annonce de cette marche, première du genre depuis l’avènement du régime Kaboré, plusieurs voix au sein de la majorité se sont élevées pour dénoncer cette marche et son caractère « inopportun ». Malheureusement, l’analyse des différents propos, faits, recommandations ou déclarations, relève que l’Opposition a été bien inspirée d’annoncer cette marche-meeting car, avant même sa tenue, les effets recherchés connaissent un début de réalisation.

L’analyse de la situation nationale dans la déclaration du 4 septembre confortée par le MPP et ses alliés

Sur la question de la gouvernance décriée par l’opposition, le ministre d’Etat Simon Compaoré, dans son interview parue le 18 septembre dernier dans un journal de la place admet qu’il y a des problèmes de gouvernance dans la gestion du régime Kaboré, en disant que les mêmes maux de gouvernance minent l’Opposition! Pour parler prosaïquement, « on te dit chez toi il y a problème de gouvernance et tu dis que chez l’autre aussi il y a problème de gouvernance ». Sur la question précise de la rupture en termes de gouvernance, là aussi l’ancien bourgmestre de la capitale burkinabè admet que cette rupture n’est pas encore réalisée (sinon il aurait donné des éléments précis) se contentant de dire que « nous avons une certaine résilience et nous sommes conscients de cela ». La résilience du peuple burkinabè a été construite depuis longtemps et cette résilience, ce sont nos ancêtres qui nous l’ont léguée ! Plus loin, il confesse tout de même : «  nous ne disons pas qu’il n’y a pas de faiblesses dans notre gestion et nous souhaitons que les critiques des citoyens nous amènent chaque jour à faire le réglage nécessaire pour aller vers la perfection ». Eh bien, ce sont ces critiques constructives que l’opposition n’a cessé de faire. Et comme elle n’est pas suffisamment entendue, elle espère qu’avec la marche-meeting du 29 septembre, le pouvoir va se ressaisir.

Sur la question précise de la sécurité, l’opposition disait dans sa déclaration du 4 septembre que : « Les terroristes continuent de nous terroriser : La faute incombe au gouvernement qui n’a pas pris la juste mesure du problème, qui n’a pas nommé des gens compétents à la tête des ministères de la Défense et de la Sécurité, et qui est incapable d’imaginer et de mettre en œuvre une stratégie gagnante. ». Cette analyse vient d’être confortée par le Premier Ministre (PM) lui-même dans son exposé devant la Représentation nationale. En effet, le PM en égrenant les difficultés de nos forces de défense et de sécurité, a mis en avant les points majeurs suivants :

  • Insuffisance de capacité d’appui feu aérien et renseignement ;
  • Insuffisance de moyens de transport aérien ;
  • Insuffisance de moyens blindés (protection de la force) ;
  • Insuffisance des moyens de transmission ;
  • Faiblesse relative du dispositif militaire territorial en fonction des zones de responsabilité des régions militaires et des attentes et sollicitudes diverses des populations ;
  • Faible capacité en renseignement opérationnel ;
  • Capacité aérienne limitée ;
  • Faible capacité de surveillance et d’observation terrestre ;
  • Absence de fonds dédiés au renseignement;
  • Manque de provision budgétaire pérenne dédiée aux opérations

Est-ce normal qu’un pays, qui a connu ses premières attaques terroristes en 2015 (donc bien avant même l’arrivée du pouvoir MPP), n’ait pas pris toute la mesure de l’ampleur du mal auquel notre pays doit faire face au point que près de 3 ans après la prise de pouvoir par le régime Kaboré, nos FDS soient aussi démunies ! Depuis janvier 2016, la question de l’amélioration du renseignement est revenue sur toutes les lèvres. Comment se fait-il que jusque-là on en soit encore à parler de faiblesses criardes dans ce domaine ? Qu’a-t-on fait de la loi de programmation militaire adoptée en 2017 ? Où sont passées les conclusions du Forum national sur la sécurité organisé en 2017 ?

Quand on dit qu’il y a de véritables problèmes de gouvernance dans ce régime, eh bien c’est aussi de l’absence de réponses à ces interrogations qu’il s’agit. Le PM n’en a pipé un seul mot dans ses perspectives dégagées sur la question sécuritaire.

Le traitement même de cette question hautement sensible laisse pantois ! Comment et pourquoi les ministres Simon Compaoré et Clément Sawadogo peuvent continuer à entretenir et à distiller des accusations sur l’ancien régime sans aucun fondement ?! En effet, lors de leur rentrée politique le 15 septembre 2018, ils ont rivalisé de graves accusations contre des Burkinabè sans le moindre début de preuve ! Tandis que le ministre Sawadogo tire à boulets rouges sur l’ex RSP dont des éléments seraient derrière « cette entreprise de déstabilisation du Burkina Faso », son collègue ministre d’Etat, accuse de façon péremptoire « des officines politiques qui se délectent de ces attaques ». Me Sankara Bénéwendé, tout juriste qu’il est, et 1er Vice-Président de l’Assemblée Nationale, a embouché la même trompette en affirmant gratuitement que ces attaques sont l’œuvre «  de politiciens revanchards au sein de l’Opposition ». Mais qu’attendent-ils pour apporter la preuve de ces allégations inopportunes ?

Elles sont inopportunes car au même moment, le PM a entrepris des concertations avec la toutes les couches de la nation pour expliquer la situation sécuritaire et appeler à une unité d’actions devant cette hydre terroriste. Il a rencontré l’opposition politique, au sein de laquelle figure l’ex régime CDP, le jeudi 20 septembre dernier. C’est cette unité d’actions qu’il aurait fallu lancer depuis 2016 au lieu de se laisser aller dans des invectives inutiles.

Du reste, sans attendre l’appel à l’unité du PM, le CFOP et les forces vives ont lancé un appel à la collecte de fonds pour faire face aux moyens financiers limités des FDS que le PM a révélés dans son exposé à l’Assemblée nationale. Sur ce point, certains ténors du régime, comme M. Pascal Benon, disaient que cette collecte de fonds est inopportune. D’ailleurs, il a raillé l’opposition en affirmant sur les ondes d’une radio de la place qu’aucune autorité ne prendra ces fonds. Nous attendons de voir si aucune autorité ne prendra les fonds qui seront collectés par les députés de l’Assemblée nationale pour les FDS. En effet, Balé Sakandé et « ses hommes » ont annoncé le 24 septembre à la clôture de la deuxième session extraordinaire de l’Assemblée, une cotisation des députés pour venir en aide aux FDS.

Les premiers effets de l’annonce de la marche-meeting

Le CFOP et l’ensemble des forces vives de la nation peuvent d’ores et déjà se réjouir de l’annonce de leur marche-meeting. En effet, depuis cette annonce, certaines lignes ont commencé à bouger. On retiendra notamment :

-La convocation par le Président du Faso, Chef Suprême des Armées le 8 septembre 2018, d’une réunion extraordinaire  du Conseil Supérieur de la Défense Nationale. Au terme de cette importante session, des instructions ont été données pour prendre toutes les mesures, militaires, financières, etc. pour restaurer l’autorité de l’Etat et assurer la sécurité des institutions et des Burkinabè.

-Les rencontres initiées par le PM avec l’ensemble des couches socio-politiques de notre pays pour parler d’une même voix.

-Des frappes aériennes de l’armée burkinabè sur les bases des terroristes de la Kompienga.

-Des mesures de prévention sécuritaires décrétées le 18 septembre par le Gouverneur de la région de l’Est.

-La convocation d’une session extraordinaire de l’Assemblée nationale. A l’issue de cette session, des recommandations fortes ont été faites à l’endroit du Gouvernement.

-L’organisation de rentées politiques par des partis de la majorité présidentielle : au cours de la rentrée du MPP, le ministre d’Etat a demandé à ses collègues de se réveiller car il ne veut de ministres qui dorment sur leurs dossiers etc.

Nous disons que c’est un début, et nous attendons les effets de ces remues ménages. Les Burkinabè n’attendent que cela et c’est bien le rôle de l’Opposition politique d’interpeler le gouvernement quand il dort. Le régime Kaboré ferait bien de remercier et de féliciter l’Opposition et les forces vives de la nation pour cette interpellation républicaine.

Tous ensemble donc le 29 septembre à la marche-meeting pour emmener les autorités à mettre en œuvre l’ensemble des mesures annoncées et à prendre des mesures plus vigoureuses, notamment au plan de la gouvernance administrative, sécuritaire, économique et politique afin que nos populations vivent dans la paix et puissent jouir des fruits de la croissance toujours attendue.

Ouagadougou, le 27 septembre 2018

Pour le Caucus des Cadres pour le Changement

Issouf OUEDRAOGO

 

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