Le Secrétaire général de la Primature, président du CIDPH, Abdou-Salam Gampéné : « j’invite les consommateurs à la compréhension ».

Le gouvernement burkinabè a pris un arrêté conjoint signé des ministères en charge du commerce et de l’économie, le jeudi 18 août 2022. Cet arrêté fait l’objet de fixation de nouveaux prix des hydrocarbures au Burkina Faso, notamment, d’une augmentation de 35 F CFA par litre pour le Super 91, soit 750 F CFA/litre au lieu de 715 F CFA, de 30 F CFA par litre pour le gasoil et 40 F CFA par litre pour le DDO (huile diesel distillée, Ndlr). Le Secrétaire général de la Primature, Abdou-Salam Gampéné et par ailleurs président du Comité interministériel de détermination des prix des hydrocarbures (CIDPH) revient, entre autres, dans cette interview accordée à Sidwaya, sur les nouveaux prix fixés, les raisons d’une telle décision et la réalité des prix dans la sous-région.

Sidwaya (S) : Le gouvernement a fixé de nouveaux prix des hydrocarbures qui entrent en vigueur pour compter du 19 août 2022. Pouvez-vous revenir sur ces prix ?

Abdou-Salam Gampéné (A.S.G.) : Il faut d’abord dire que le Comité interministériel de détermination des prix des hydrocarbures (CIDPH) est composé de représentants de la Primature, des ministères en charge du commerce, de l’énergie, des finances et de la SONABHY qui participent aux travaux en qualité d’observateurs. Ce Comité se réuni mensuellement et chaque fois que de besoins pour échanger sur les questions liées à l’évolution des prix sur le marché international.

Et comme vous le savez, les tendances internationales ont un impact direct sur la structure des prix des hydrocarbures dans notre pays. Tel que précédemment indiqué, la fixation des prix des hydrocarbures dans notre pays dépend de deux variables principales qui sont le cours du baril de Brent et celui du dollars US. Depuis 2021 et tout au long de l’année 2022, l’observation de ces deux variables permet de constater une flambée exceptionnelle due au contexte économique international post-COVID-19 et à la situation qui prévaut en Ukraine.

La conséquence de cette situation est le constat d’une hausse soutenue des prix réels des prix des produits pétroliers dans notre pays. A titre d’exemple, pour le mois d’août 2022, les prix réels du litre du Super 91 est de 1113 F CFA, celui du Gasoil de 1140 F CFA et celui du DDO (huile diesel distillée, Ndlr) de 907 F CFA.

S : Qu’est ce qui a motivé le gouvernement à prendre cette décision ?

A. S. G. : Il faut se rappeler que le gouvernement a adopté en novembre 2018 un décret portant mécanisme de réajustement des prix des hydrocarbures dans notre pays. Ce mécanisme prévoit des réajustements des prix des hydrocarbures avec une périodicité maximale de trois mois en fonction des tendances de prix observées sur le marché international. Le dernier réajustement des prix est intervenu en mai 2022.

L’application de ce mécanisme recommande donc que ces prix soient revisités pour ce mois d’août 2022. Il faut noter également que les prix en vigueur dans notre pays ne représentent pas la vérité des prix pratiqués sur le marché international. Sur l’exemple précédent, le prix réel du litre de Super 91 qui est de 1113 F CFA en août 2022 était vendu à 715 F CFA à la pompe. Celui du Gasoil vendu à 645 F CFA par litre à la pompe coûte en réalité 1140 F CFA.

Les différences de prix par litre de produits sont supportées par l’Etat sous forme de subventions. Pour être plus précis, le consommateur en payant à la pompe 715 F CFA pour un litre de super 91, l’Etat supporte la différence sous forme de subvention, soit 398 F CFA. Pour le gasoil la subvention est de 495 F CFA par litre et de 298 F CFA pour le DDO. La soutenabilité de ces subventions qui s’accumulent depuis fin 2021 commence à devenir préoccupante. Au 30 juin 2022, les subventions non encore payées s’élevaient à plus de 280 milliards F CFA.

Au regard du niveau élevé des subventions et afin d’éviter de compromettre l’approvisionnement régulier de notre pays en produits pétroliers, le gouvernement a décidé de réajuster les prix à la pompe comme suit : plus 35 F CFA par litre pour le super 91, faisant passer le prix de 715 à 750 F CFA et le niveau de subvention de 398 à 363 F CFA ; plus 30 F CFA par litre pour le gasoil, faisant passer le prix de 645 à 675 F CFA et le niveau de subvention de 495 à 465 F CFA ; 40 F CFA par litre pour le DDO, faisant passer le prix de 610 à 650 F CFA et le niveau de subvention de 298 à 258 F CFA.

Vous constatez aisément que malgré ces ajustements, les efforts de l’Etat en termes de subventions au profit du consommateur restent très élevés. Il faut noter également que ces ajustements ne concernent pas les autres produits pétroliers tels que le Gaz domestique dont le prix de la bouteille reste inchangé.

S : Quelle est la réalité des prix dans la sous-région ?

A. S. G. : Avant de répondre à cette question, il serait bon de préciser que les prix à la pompe dans notre pays étant relativement bas, nous nous retrouvons en train de subventionner les consommateurs des pays voisins. A titre d’exemple, le litre de super 91 coûte 811 F CFA au Mali, 900 F CFA au Ghana et 890 F CFA au Sénégal. Celui du gasoil fait 809 F CFA au Mali, 850 F CFA au Togo, 1080 F CFA au Ghana et 1130 F CFA au Nigéria. Ces exemples montrent bien que l’Etat burkinabè se soucie toujours du bien être des consommateurs. C’est le lieu pour nous de les inviter à la compréhension.

S : Avec cette hausse des prix des hydrocarbures, faut-il s’attendre consécutivement à une flambée des prix d’une manière générale ?

A. S. G. : Le gouvernement a toujours privilégié les actions de concertations avec les différents acteurs afin que chacun joue sa partition en cette période difficile que nous souhaitons tous conjoncturelle. Des dispositions sont prises au niveau du ministère en charge du commerce pour limiter les velléités inflationnistes qui pourraient naître de ce réajustement des prix.

Interview réalisée par Boukary BONKOUNGOU

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