Suite à la diffusion du compte rendu du conseil des ministres du mercredi 05 mai 2021, une publication partagée sur Lefaso.net dont l’auteur est nommé DDS, remet en cause la pertinence de la politique du Gouvernement de construire des latrines pour des ménages. Cette publication nous interpelle sur la nécessité de poursuivre et d’élargir la communication sur l’importance de l’assainissement aussi bien au niveau des milieux urbains que villageois.
De la nécessité d’investir dans l’Assainissement
Avec les engagements au niveau international et national et l’évaluation de l’impact du manque d’assainissement sur l’économie des pays, l’assainissement est de plus en plus pris en compte dans les projets de développement. Selon une étude du Programme Eau et Assainissement de la Banque mondiale sur l’impact économique d’un mauvais assainissement en Afrique, le Burkina Faso perd 86 milliards de francs CFA chaque année en raison du manque d’assainissement.
Aussi, l’Organisation mondiale de la Santé estime que l’amélioration de l’assainissement ferait reculer de 32% la mortalité attribuable aux maladies diarrhéiques. Pourtant, au Burkina Faso, les maladies diarrhéiques occupent la troisième place derrière le paludisme et les infections respiratoires aigües (IRA) parmi les 10 principaux motifs de consultations externes dans les formations sanitaires de base (Annuaire sanitaire 2018). C’est clair que la plupart de ces maladies diarrhéiques sont imputables au manque d’ouvrages d’assainissement et d’hygiène.
Fort de ces constats, le Burkina Faso a consacré le droit à l’eau et à l’assainissement, en tant que droit fondamental de la personne humaine dans la loi constitutionnelle n°072-2015/CNT du 02 novembre 2015 portant révision de la Constitution du Burkina Faso. Aujourd’hui dans le cadre du Programme National d’assainissement des Eaux Usées et Excréta, l’État ambitionne à l’horizon 2030 entre autres éradiquer la défécation à l’air libre (DAL) dans un contexte de changement de comportement et assurer un accès universel et continu des populations aux services d’assainissement conformément à l’approche fondée sur les droits humains (AFDH).
Pour y parvenir, plusieurs projets et programmes ont été élaborés et sont mis en œuvre. Ainsi, se fondant sur diverses expériences, le Burkina avec l’accompagnement de la Banque mondiale, met en œuvre le Programme d’Approvisionnement en Eau et d’Assainissement (PAEA) dont l’un des quatre (4) domaines de résultats est l’amélioration de l’accès à l’assainissement en milieux urbain et rural à travers la réalisation de latrines familiales et communautaires. Cette amélioration de l’accès à l’assainissement comporte trois (3) volets dont un volet transversal qui sont :
La subvention de la réalisation de 135 000 latrines familiales dont 50 000 en milieu rural ;
La réalisation de 900 kits de latrines communautaires dans les institutions (écoles et centres de santé) et lieux publics (gares, marchés, lieux de cultes) ;
La conduite d’une ingénierie sociale avant, pendant et après la réalisation des ouvrages.
De la subvention pour la réalisation des 50 000 latrines familiales
La mise en œuvre de ce volet porte une innovation majeure sur le type de latrines, une latrine améliorée simple fosse vidangeable de type Ventilated Improved Pit (VIP) dont le volume utile est de 2,85m3 et fera au moins 5 ans avant la première vidange pour une utilisation optimale par un ménage de 10 personnes. Le coût estimatif de cette latrine dont les dimensions dépassent les standards connus au Burkina Faso est de l’ordre de 250 000 F CFA et peut varier selon les matériaux (matériaux locaux ou parpaings) utilisés et le niveau de confort voulu (siège de défécation par exemple).
Compte tenu, de la situation sécuritaire, une première tranche de 2 000 toilettes familiales (latrines de type VIP et douche-puisard) est déjà en cours de mise en œuvre au profit des personnes déplacées internes et des ménages hôtes dans la région de la boucle du Mouhoun. Pour ces réalisations, la subvention est totale et ne comporte pas une contribution des bénéficiaires compte tenu du contexte.
Concernant la réalisation de 48 000 latrines en milieu rural, objet du présent écrit, outre la subvention qui concerne la réalisation des latrines à l’entreprise, les ménages bénéficiaires contribuent à ces financements à hauteur de 30 000 à 50 000 F CFA. La réalisation de ces latrines se fera avec les matériaux locaux (banco amélioré, pierre taillée…) ou avec les matériaux définitifs (parpaings) en harmonie avec l’habitat des bénéficiaires ou selon le choix qu’ils auraient adopté en ce sens que des ménages réalisent des superstructures en parpaings vu la qualité de l’infrastructure bien que leur habitat soit en matériaux différents.
Dans le marché attribué en Conseil des Ministres, le coût moyen de la latrine subventionnée est de 190 000 F CFA. En considérant que la latrine est utilisée par un ménage de 10 personnes et sa durée de vie est d’au moins 10 ans, cela revient à une subvention de 3 800 FCFA par personne et par an. Cette subvention n’est pas comparable aux dépenses de santé et aux pertes économiques associées liées à un manque voire un mauvais assainissement.
Par ailleurs, selon le Tableau de Bord de la Statistique 2020 (TBS 2020) de l’INSD, chaque burkinabè dépense annuellement sur sa santé en moyenne 24 242 FCFA. Connaissant, la prépondérance des maladies liées au défaut d’hygiène et d’assainissement, on peut aisément comprendre l’effort que l’État fait pour garantir une meilleure qualité de vie aux populations. L’État garantit la sécurité et la durabilité des infrastructures en adoptant l’accompagnement des ménages par une subvention et met à la disposition des usagers une palette d’options technologiques éprouvées d’infrastructures d’assainissement. La mise en œuvre du Guide d’intermédiation sociale (IMS) participe au choix des ménages.
En dépit des efforts consentis, la pratique de la défécation en plein air demeure très répandue à ce jour, surtout en milieu rural. Selon le bilan annuel 2020 du PN-AEUE, 25,3 % de la population dont 38,6 en milieu urbain et 19,9% en milieu rural ont accès à des toilettes adéquates et 526 villages ont arrêté la défécation à l’air libre. Ces chiffres démontrent que plus de 3/4 des Burkinabè défèquent dans la nature ou partagent les toilettes des autres avec son corollaire de risques sanitaires et conséquences sur la santé et l’environnement. C’est pour cela que les plaidoyers doivent se poursuivre pour le financement et la mise en œuvre des projets d’assainissement.
Le Ministère de l’Eau et de l’Assainissement, à travers cet écrit, espère avoir apporté des réponses aux différentes préoccupations de l’internaute DDS, de tous les compatriotes et de tous les partenaires au développement. Il vous remercie pour l’intérêt que vous portez aux questions d’Eau et d’Assainissement pour un bien-être des populations des villes et des campagnes. Le Ministre Ousmane NACRO et les services techniques de son département restent ouverts aux remarques, suggestions et toutes autres contributions pouvant améliorer la qualité des services que nous rendons aux populations burkinabè.
DCPM/EA