Liasses des billets de banque du franc CFA

Au Burkina Faso, le débat sur le passage à une monnaie unique africaine est toujours en cours. Les hommes d’affaires réunis au sein « d’investisseurs sans frontières » poursuivent la réflexion autour des conséquences sur le passage à l’Eco. Même si ce basculement à une nouvelle monnaie unique va permettre l’ouverture d’un grand marché de près 380 millions de consommateurs, les hommes d’affaires burkinabè préfèrent un passage par étape et non une rupture brusque et totale d’avec leur ancienne monnaie.

Justin Damo Barro, ex-gouverneur de la Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest est formel. Aucun pays de la sous-région n’est pour le moment prêt pour un passage à l’Eco. « Actuellement, ce n’est pas possible. Le Burkina lui-même ne converge pas encore. Donc pour l’instant, on ne peut pas dire tout de suite qu’on lance l’Eco, cela n’ira nulle part. Nous on reste encore avec une garantie de la France »

Du côté des hommes d’affaires burkinabè, le passage à l’Eco se prépare avec prudence. il faut y aller de façon graduelle, selon Hamid Sawadogo, l’administrateur de Sat Afrique, une entreprise d’aménagement et de travaux
« Je pense que dans un premier temps, ce serait mieux pour nous, plutôt que d’aller face à des mastodontes comme le Nigéria et le Ghana qui sont déjà structurés avec leur monnaie, qui ont déjà leur stratégie de gestion de leur monnaie. On aurait beaucoup à perdre si on allait trop vite. »

Ce que redoutent certains hommes d’affaires, c’est une dépréciation de la nouvelle monnaie dès son émission sur les marchés. Les fluctuations de sa valeur pourraient entrainer une inflation selon Josias Yameogo, directeur général de Hoktem construction. « Si effectivement les fluctuations sont énormes, on va avoir de l’inflation qui va grever nos balances commerciales. Et nous allons en pâtir. Nous achetons beaucoup de matériel en France, et si la monnaie passe de 656 à 700, ou 400, ces fluctuations peuvent engendrer des chocs pour les entrepreneurs. »

Malgré ces inquiétudes, Arouna Nikiema, le président d’investisseur sans frontières au Burkina Faso, un regroupement d’hommes affaires africains, estime qu’il faut saisir cette ouverture vers d’autres marchés. « Cela nous ouvre sur un marché de près de 380 millions d’habitants et en même temps, il y a des risques. Avec ces géants industrialisés, il y a le danger que nous soyons inondés dans les pays de l’hinterland. Donc nous redoutons cela, mais nous allons positiver, car on se dit qu’avec 380 millions de consommateurs, il y a moyen de faire des affaires. »

Selon le président d’Investisseurs sans frontières au Burkina Faso, les États de la sous-région doivent entamer la sensibilisation des populations sur les enjeux et défis du passage à l’Eco.

YB/RFI

 

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