Mazou Kabré, Porte-parole du Regroupement des Commerçants du Kadiogo (RCK)
« Notre structure regroupe tous ceux qui ont cotisé au SYNACOM-B et jusque-là n’ont pas eu gain de cause »

Entre le Syndicat national des commerçants du Burkina (SYNACOM-B) et le Regroupement des Commerçants du Kadiogo (RCK), une tension palpable règne ces derniers temps. Tout est parti d’une adhésion de certains commerçants à un projet du SYNACOM-B qui vise à apport des appuis multiformes aux commerçants pour les permettre à mieux se former, se structurer, s’organiser afin de booster leurs business. Présentement, des incompréhensions s’installent sur l’esprit des frais d’adhésion et de cotisations selon les différentes versions. Nous avons rencontré M. Mazou Kabré, porte-parole du RCK qui nous décrit la version de leurs revendications.

Monsieur le Porte-parole du RCK, présentement nous brièvement votre structure : sa genèse, sa structuration, les objectifs poursuivis et les membres qui composent le RCK ?

Mazou Kabré (MK) : Merci de l’intérêt pour que vous portez à notre Regroupement. Le RCK a été créé il y a à peine trois mois. Nous n’avons pas encore de récépissé. Mais je souligne que nous sommes membre du SYNACOM-B. Notre structure regroupe tous ceux qui ont cotisé au SYNACOM-B et jusque-là n’ont pas eu gain de cause. Notre objectif principal est de pouvoir entrer en possession de notre argent. Nous ne voulons plus de leurs prêts.  Nous avons appris que le SYNACOM-B a octroyé des prêts aux grands commerçants à notre détriment. Le SYNACOM-B nous fait savoir que dans leur charte les 20.000fcfa représentent des frais d’adhésion. Chose que nous ne sommes pas au courant. Présentement nous estimons à 100 milles l’effectif de nos membres qui ont été abusés par le SYNACOM-B.

L’activité économique du Burkina est actuellement morose. Quelle appréciation le RCK fait de cette nouvelle donne ?

Dans le commerce tout fonctionne bien s’il y a la paix dans un pays. Avec la situation sécuritaire qui est préoccupante actuellement au Burkina, cela affecte la bonne marche de l’activité commerciale. Néanmoins nous gardons espoir que tout ira mieux les années à venir.

Il y a beaucoup d’associations, de syndicats dans le secteur commercial qui poursuivent le même but. Ne pensez-vous pas qu’une synergie d’action pourra défendre mieux vos intérêts ?

C’est l’idéal. Mais il faut reconnaitre que dans notre milieu les commerçants n’ont pas les mêmes capacités, n’évoluent pas dans les mêmes secteurs d’activités. Ce qui fait qu’ils n’ont pas le même centre d’intérêt, les mêmes préoccupations et surtout les mêmes objectifs. Je pense que c’est mieux que les commerçants se regroupent en fonctions de leurs ambitions communes.

Plus récemment le RCK a animé une conférence de presse ou il indexait le SYNACOM-B de n’avoir pas tenu soit disant ses engagements vis-à-vis de certains commerçants. Qu’en est-il exactement ?

Effectivement, c’est en 2014 que les membres du Syndicat national des commerçants du Burkina (SYNACOM-B) se sont approchés de nous pour nous expliquer leur projet qui consistait à faire bénéficier des prêts aux commerçants Nous avons été appâtés et nous nous sommes aussi engagés avec l’espoir que tout ira mieux pour nous.

L’idée de départ est qu’il fallait s’inscrire auprès du SYNACOM-B à partir de 20.000fcfa pour bénéficier du prêt. Nous avons mobilisé les commerçants des marchés et yaars pour les expliquer le projet du SYNACOM-B à notre intention. Depuis lors nous nous sommes inscrits et avons nos cartes de membre.   Selon l’agenda préétabli les commerçants devraient bénéficier des prêts dès la première année des cotisations. La première année passée, le SYNACOM-B nous a fait savoir qu’il voulait atteindre un certain montant des cotisations c’est-à-dire 100 milliards fcfa sur l’ensemble du territoire avons de procéder aux prêts. Il nous rassure également que leur structure travaillera avec la BCEAO car c’est à la banque centrale que l’argent sera déposé. Après le délai d’une année il y a eu une prolongation de six mois et nous n’avons pas eu de résultat. C’est à partir de ce moment que nous sommes allés les rencontrer au siège du SYNACOM-B pour les exposer nos préoccupations. Les membres du bureau du SYNACOM-B nous ont répondu que les cotisations ne rentrent pas comme convenues.

Maintenant nous sommes à notre sixième année d’attente. Ils ne décrochent plus nos appels et les réunions ne sont plus respectées.

C’est à partir de ce moment que nous avons regroupé tous les commerçants pour créer le Regroupement des Commerçants du Kadiogo (RCK) pour revendiquer nos cotisations.

La conférence de presse que nous avons animée visait à attirer l’attention de l’opinion nationale de ce que j’appelle de l’arnaque du SYNACOM-B à notre égard.

Nous avons ouïes dire que certains qui remplissaient pleinement les conditions ont bénéficié des prêts. Vos membres sont-ils à jour de tous les critères pour bénéficier des prêts ?

L’esprit de départ était de cotiser une année avant de bénéficier du prêt. Maintenant que la mésentente s’est installée, il y a méfiance et crise de confiance de nos membres envers le SYNACOM-B. Donc on ne pouvait plus continuer à cotiser pour être à jour. Ceux qui ont bénéficié des prêts se sont ceux qui ont versé de grosses sommes à partir de 500.000fcfa et plus. Nous les petits commerçants qui ont cotisé juste 20.000fcfa, 50.000fcfa et 100.000fcfa n’avons pas bénéficié. Par exemple moi personnellement j’ai cotisé 100.000fcfa. Nous pensons que si c’était réellement pour nous aider, le SYNACOM-B devait commencer à prêter ceux qui ont les moyens modestes. Cela fait maintenant trois ans que nous poursuivons le SYNACOM-B pour récupérer notre argent.

L’objectif de la coopérative était de donner de la plus-value aux activités de tous ses membres. Si le RCK revendique le remboursement de sa quote-part, ne pensez-vous pas que cela peut subitement faire échouer le projet initial ?

L’avenir de ce projet ne nous préoccupe plus. Nous voulons seulement notre argent pour continuer à nous débrouiller.  On nous a fait savoir au départ que le projet visait à aider les petits commerçants. Mais nous constatons maintenant que ce sont les grands commerçants qui bénéficient prioritairement. Donc nous voulons prendre notre distance avec leur projet.

Après cette sortie médiatique, comptez-vous menez d’autres actions dans le sens de vos revendications ?

Bien sûr ! Nous allons écrire au ministre du Commerce et au Premier ministre pour les tenir informer de nos préoccupations avec le SYNACOM-B. Nous avons saisis aussi un avocat. Nous avons donné consigne à nos membres de rester calme en attendant les résultats de nos démarches. Tout en ayant dans notre plan d’action un rassemblement à la place de la Nation qui sera suivi d’une marche au siège du SYNACOM-B. Nous tenons à nous faire entendre par tous les moyens dans les jours à venir.

Quels messages avez-vous à l’attention de vos membres et aussi à la direction du SYNACOM-B ?

A nos membres je les invite à rester serein. Nous les tiendrons informer de l’évolution de la situation par les médias.

Quant au SYNACOM-B nous n’avons qu’un seul mot : le remboursement de notre argent.

Entretien réalisé par TMC

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