« Les Burkinabè de la Côte d’Ivoire sont des militants de tous les partis politiques ».

Calme, le ton mesuré, M. Sayouba Lompo qui est depuis le 1er juillet 2018 le Délégué du Conseil Supérieur des Burkinabè de l’Extérieur section de la Côte d’Ivoire, multiplie des actions pour accomplir la philosophie de sa mission qui est : « Ensemble pour mieux servir ». Un programme de mandat baptisé le  ‘’Rassemblement’’ qui prend forme sous le leadership de l’ensemble des membres du Conseil Supérieur des Burkinabè de l’Extérieur (CSBE) section de la Côte d’Ivoire. Après plus d’une année de gestion du CSBE, nous l’avons rencontré au cours de son passage à Ouagadougou pour prendre le pool des activités de la structure. A cœur ouvert avec le Délégué du CSBE M. Sayouba Lompo, nous avons abordé au cours de cet entretien la vie de la structure, les préoccupations essentielles des membres du CSBE, l’offensive des leaders des partis politiques burkinabè ces derniers temps en Côte d’Ivoire, la situation sécuritaire nationale etc. Dans son franc parlé légendaire, M. Sayouba Lompo nous fait le décryptage. Lisez plutôt !

I-Burkina : Monsieur le Délégué du CSBE de la Côte d’Ivoire, cela fait juste 15 mois que vous avez été élu. Comment se porte le CSBE  une année  après votre élection à la tête de cette structure ?

« N’ayant pas été encore installé, cela signifie que nous n’avons pas de documents officiels pour se valoriser auprès de notre communauté, de même qu’auprès des autorités ivoiriennes »

Sayouba Lompo (SL) : Le Conseil Supérieur des Burkinabè de l’Extérieur (CSBE) de la section de Côte d’Ivoire se porte très bien ! Merci de votre vive mémoire. Effectivement c’était le 1er Juillet 2018 que les élections se sont déroulées et nous avons été élus dans le district d’Abidjan en présence des autorités notamment notre ambassadeur et le Consul général qui ont suivi le déroulement intégral de cette élection de 08 heures du matin à 18heures du soir ; jusqu’à la proclamation des résultats. Nous étions treize (13) candidats pour cinq (5) postes et au finish nous avons été élus sans contestation. Merci à nos autorités en Côte d’Ivoire qui n’ont ménagé aucun effort pour que ces élections se déroulent dans de bonnes conditions.

Sans doute que vous avez en projet des réalisations concrètes au profit de nos compatriotes au cours de votre mandat. Quels sont ces projets et comment leurs mises en œuvre évoluent ?

Naturellement que nous avons battu notre campagne autour du programme : ‘Ensemble pour mieux faire’’. Ce qui réponde aux attentes des préoccupe les burkinabè de la Côte d’Ivoire que  nous comptons mettre en œuvre au cours de notre mandat de trois (3) ans. Nous nous focaliserons sur la réorganisation des structures associatives, la redynamisation des activités culturelles, la protection du patrimoine des Burkinabè et bien sûr la culture permanente de l’esprit d’entraide, la solidarité et l’harmonie entre les Burkinabè vivant en Côte d’Ivoire. Aussi rappeler constamment aux Burkinabè d’œuvrer à entretenir des bons rapports avec les autres communautés vivant en Côte d’Ivoire et surtout au strict respect des lois en vigueur dans le pays frère.

Le mandat de trois ans ; vous l’estimez suffisant  pour faire bouger les choses ?

Théoriquement le mandat de trois est bien réduit. Il faut souligner que ça été arrêté par l’administration burkinabè. Cependant il y a une possibilité de se faire réélire pour un second mandat de trois ans si les compatriotes trouvent le bilan de votre premier mandat positif. Personnellement, je trouve le mandat de trois ans raisonnable, car le fond du travail c’est d’accompagner nos compatriotes à obtenir des documents administratifs (cartes d’identité, cartes consulaires etc.). C’est depuis 2012 que l’opération de la carte d’identité a été lancée,

« En Côte d’Ivoire certains de nos compatriotes sont généralement incarcérés pour un rien. Ils ne sont pas jugés et peuvent séjourner en prison plusieurs années sans être jugés »

mais jusque-là nous n’avons pas encore trois millions de burkinabè enrôlés pour les cartes consulaires à plus forte raison la carte d’identité qui est indispensable pour les votes. Donc, nous devrons davantage travailler pour remédier à cela.

Il nous revient que depuis votre élection, les membres du bureau du CSBE n’ont pas encore été officiellement installés. Est-ce vrai ? Et qu’est ce qui fait obstacle  à votre installation officielle ?

Effectivement, vous faites une bonne remarque. Et sans détours  je vous avoue que c’est présentement notre préoccupation primordiale. Parce que jusque-là nous ne pouvons pas exercer officiellement nos activités. Je pense que ce n’est pas seulement au niveau de la Côte d’Ivoire qu’il y a ce retard. A ailleurs  aussi d’autres membres du CSBE sont concernés. Le problème doit être d’ordre administratif, mais notre souhait ardent est que nous soyons installés le plus vite possible pour être véritablement actif sur le terrain.

Le faites que vous n’êtes pas officiellement installé ne devrait pas faciliter vos activités. Quelles sont les difficultés que vous rencontrez?

N’ayant pas été encore installé, cela signifie que nous n’avons pas de documents officiels pour se valoriser auprès de notre communauté, de même qu’auprès des autorités ivoiriennes. Par exemple c’est un peu compliquer pour nous d’effectuer des déplacements pour aller rencontrer nos compatriotes qui sont emprisonnés ou qui ont des problèmes qui nécessitent notre intervention. Donc, il nous faut nécessairement un document qui officialise que nous sommes des délégués du CSBE.

Pourtant, il y a le Ministère de l’Intégration Africaine et des Burkinabè de l’Extérieur qui est maintenant  votre interlocuteur direct. Quels sont vos rapports et quel appui ce ministère vous apporte dans le cadre de vos activités ?

Depuis notre élection, notre ministre de l’Intégration africaine et des Burkinabè de l’Extérieur est venu, je pense deux ou trois en Côte d’Ivoire. Malheureusement son agenda étant chaque fois chargé, nous n’avons pas encore pu le rencontrer pour l’exposer nos préoccupations et au besoin solliciter dans quel cas nous pouvons bénéficier du soutien du ministère. Néanmoins nous gardons toujours espoir que des opportunités se présenteront à nous d’ici peu pour un entretien utile avec les autorités de notre ministère de tutelle.

Vous avez pris part au Forum de la diaspora qui s’est tenu à Ouagadougou en juillet 2018. Quelles sont les préoccupations que vous avez soulevées ? Ont-elles été prises en compte ?

Au cours de ce forum, nous avons eu à soulever bons nombres de préoccupations. Dieu merci, dans les résolutions, nos préoccupations ont été prises en compte. Par exemple en Côte d’Ivoire certains de nos compatriotes sont généralement incarcérés pour un rien. Ils ne sont pas jugés et peuvent séjourner en prison plusieurs années sans être jugés. Nous avons alors suggéré de parcours les différentes prisons en Côte d’Ivoire pour s’imprégner réellement de la nature de leur incarcération et voir comment nous pouvons les apporter notre assistance.

Concrètement comment fonctionne le CSBE en Côte d’Ivoire ? Avez-vous des soutiens de bonnes volontés pour financer vos activités ?

Il est utile de signaler que le travail que nous faisons au sein du CSBE est purement du bénévolat.  Que cela soit clair dans les esprits. Ceci étant, nos prédécesseurs comme l’actuel bureau n’ont pas de soutiens en provenance d’une structure quelconque, ou d’opérateurs économiques ou de l’ambassade. Nous ne bénéficions pas d’aides matériels ou financières. Nous fonctionnons avec nos propres moyens pour assister nos compatriotes.

Vous êtes de passage à Ouagadougou. Quel est votre agenda pour le CSBE?

Ma présence à Ouagadougou est purement pour des raisons familiales. Je n’ai pas dans mon calendrier d’entreprendre des démarches pour le compte du CSBE. Parce que si je devrais rencontrer qui de droit pour le CSBE, l’objet devrait être arrêté par le bureau. Comprenez donc que je ne peux pas prendre ma propre initiative pour faire une démarche au nom du CSBE à l’insu des autres membres du bureau.

Les Burkinabè vivant  en Côte d’Ivoire ont constaté ces derniers temps un regain d’intérêt des leaders politiques à leur endroit. Comment vous vivez cette atmosphère ?

Pour une première que les Burkinabè de Côte d’Ivoire assistent à des meetings de leurs leaders politiques, il va sans dire qu’il y a une effervescence de joie qui les anime tous. Ils se sentent considérer, ils se sentent concerner, ils exprimeront naturellement leurs doléances aux leaders politiques qui viennent vers eux, bref jusque-là se sont les même Burkinabè qui réservent le même accueil à tous les leaders politiques et qui prennent part à tous les meetings. Cela rejoint à l’esprit de fraternité, de solidarité et de communion que nous prônons au sein du CSBE.

Des grands partis politiques comme le Mouvement du Peuple pour le Progrès (MPP) et le Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP),ont déjà effectuées des sorties en Côte d’Ivoire, voire ficeler leur état-major de campagne. Pour une première, vous constatez que cela rapprochera nos compatriotes de leur pays sans inhiber la cohésion sociale qui les habite ?

Je peux être affirmatif : la campagne des partis politiques n’aura pas d’effets négatifs sur les rapports sociaux de nos compatriotes. Bien au contraire cette ambiance de la campagne électorale sera une opportunité pour que les gens puissent se retrouver et consolider notre patriotisme. Je vous confirme encore que les Burkinabè de la Côte d’Ivoire sont des militants de tous les partis politiques. Car ce sont les mêmes Burkinabè qui se retrouvent dans tous les meetings. Maintenant c’est à travers les résultats des urnes que chaque parti politique saura réellement son poids.

« Les Burkinabè de la Côte d’Ivoire sont des militants de tous les partis politiques ».

Tous les enjeux du vote des Burkinabè de l’extérieur se joueront en Côte d’Ivoire. Comment le CSBE peut jouer sa partition pour que tout se passe dans l’harmonie et le civisme ?

Dans nos textes il est clairement écrit que tout délégué CSBE ne peut pas être leader d’un parti politique ou représenter un parti politique. Nous pouvons être des superviseurs dans les bureaux de votes. Donc, notre partition serait de contribuer à faciliter l’accès à la cartes d’identité  qui est le document de vote, de sensibiliser nos compatriotes d’accomplir leur devoir citoyen dans le calme et la discipline.

Aujourd’hui nos compatriotes vivant en Côte d’Ivoire observent de loin la situation sécuritaire au Burkina qui est préoccupante. Comment vous pouvez nous témoigne cela ?

Les Burkinabè vivant en Côte d’Ivoire sont soucieux de la dégradation de la  situation sécuritaire au Burkina. Avec les facilités des moyens de communications, l’internet, les réseaux sociaux, les radios et les chaînes de télévisions nationales facilement accessibles, nos compatriotes sont plus accrochés maintenant à l’actualité burkinabè. Les Burkinabè vivant en Côte d’Ivoire sont aussi meurtries comme tous les Burkinabè à travers le monde. Surtout ils prient Dieu pour que le Burkina retrouve la paix et que l’activité économique reprenne de l’envol.

Monsieur le Délégué du CSBE, quel message avez-vous pour la diaspora Burkinabè de la Côte d’Ivoire  et aussi l’ensemble du peuple burkinabè qui traverse une crise sécuritaire et des remous sociaux incessants ?

Tous les Burkinabè doivent s’engager sans relâche à jouer leurs partitions pour défendre la patrie et en priant aussi pour la paix. Aujourd’hui la priorité du gouvernement burkinabè

Burkina Faso -Côte d’Ivoire : Deux peuples unis!

comme les autres pays du G5 Sahel est la lutte contre le terrorisme. C’est bien vrai que les revendications syndicales, la liberté de manifester et de grever riment avec la démocratie. Mais au regard du contexte actuel, le combat commun de tous les burkinabè devrait être dirigé contre le terrorisme qui nous endeuille quotidiennement.

Interview réalisée par TZ

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