Le gouvernement burkinabè a annoncé, le 22 août 2025, la fin du projet de recherche Target Malaria, mené depuis 2012 à Bobo-Dioulasso. Ce programme visait à lutter contre le paludisme par la modification génétique de moustiques mâles.
Le projet Target Malaria, soutenu par la Fondation Bill & Melinda Gates et piloté par l’Institut de recherche en sciences de la santé (IRSS), avait pour objectif de réduire la population de moustiques vecteurs du paludisme en relâchant des moustiques mâles génétiquement modifiés, incapables de transmettre la maladie.
Mais après plus d’une décennie d’expérimentation, le gouvernement burkinabè a décidé de mettre un terme à cette initiative. Dans son communiqué, le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation précise que les moustiques modifiés sont désormais sous scellés et que tous les échantillons seront détruits selon un protocole sécurisé.
Cette décision intervient dans un contexte de contestation croissante. La Coalition pour le suivi des activités biotechnologiques au Burkina Faso (CVAB) a exprimé ses inquiétudes quant aux risques sanitaires et environnementaux. Son porte-parole, Ali Tapsoba, a notamment évoqué la possibilité de mutations imprévues ou d’hybrides pouvant engendrer des formes de paludisme plus sévères.
Les responsables du projet, eux, assurent que toutes les étapes ont été menées dans le respect de la législation nationale, avec l’aval de l’Agence nationale de biosécurité et de l’Agence nationale d’évaluation environnementale.
Au-delà des considérations scientifiques, cette décision est aussi perçue comme un acte politique fort. Pour certains observateurs, elle s’inscrit dans la vision de souveraineté sanitaire portée par le président Ibrahim Traoré, qui souhaite que le Burkina Faso reprenne le contrôle de ses politiques de santé et de recherche.
Le paludisme reste une priorité de santé publique au Burkina Faso, avec plus de 8 millions de cas et 16 000 décès enregistrés en 2023. En parallèle, le gouvernement a lancé une vaste campagne de distribution de moustiquaires imprégnées pour renforcer la lutte contre la maladie.
Sources : AIB