Me Titinga Frédéric Paceré ''Tout âge est sollicité pour sauver la patrie."

Maître Titinga Frédéric Paceré (homme de culture, premier avocat, premier bâtonnier du Burkina Faso, chef coutumier de Manéga dans l’Oubritenga), devant les graves agressions du pays et le risque de sa désintégration par les attaques répétées, entraînant des centaines de morts de civils et de militaires, a saisi les plus hautes instances militaires du Burkina, pour demander son incorporation dans l’armée.

Maître Paceré, pour rappel, a aujourd’hui 76 ans. Malade, il a été plusieurs fois interné à l’hôpital. On se rappelle encore son évacuation d’urgence à l’extérieur (il y a 3 ou 4 années seulement), pour des soins qui ont nécessité une intervention chirurgicale. Rentré au pays natal, il a été victime, par deux fois, d’accident vasculaire cérébral. Après plus de trois mois de soins, il s’en est sorti sans séquelles très graves. Le 15 juin dernier, au lancement, dans son village, de ce qui a été appelé « Appel de Manéga pour la cohésion sociale, le vivre-ensemble et la paix au Burkina Faso », en plein discours, il est tombé en syncope. Il a été évacué immédiatement et assisté par trois médecins qui étaient à la cérémonie. Le 2 août dernier, en plein Ouagadougou, une autre chute en public.

C’est cet homme à la santé fragile, mais plein d’amour pour la patrie qui l’a vu naître, qui a demandé officiellement son incorporation dans l’armée burkinabè, pour répondre à l’appel du clairon du président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, sonné le 7 novembre 2019 dans son message à la Nation suite à l’attaque terroriste qui a fait 38 morts et plusieurs blessés sur l’axe Ougarou-Boungou. La surprise est grande !

Mais pour qui connaît bien l’homme, rien d’étonnant en cela. En effet, il est des plus connus au pays ; mais dans l’opinion, il apparaît comme insaisissable et mystérieux, amoureux à mort du travail constructif de sa nation et de l’Afrique, reposant tout sur les valeurs de culture de son pays et du continent.

Maitre PACERE : « Mon engagement n’est pas un coup de théâtre ou d’instinct. »

Toutefois, pour dire vrai, même si la situation de la nation est très inquiétante, la déclaration de Me Paceré surprend plus d’un. Mais à y réfléchir, son acte reste conforme à la nature de l’homme, si son âge et son état de santé n’étaient pas en cause. Certains, et même au sommet de l’Etat et de la hiérarchie militaire, pourraient penser à un coup de théâtre ou d’instinct ; mais l’homme, qui est toujours logique avec lui-même et son peuple, se justifie par sa vie qui va au-delà de son appartenance de nos jours à plusieurs Académies et à plusieurs autres Sociétés savantes d’Europe.

En effet, l’intéressé explique lui-même qu’à 16 ans, il s’était engagé dans une formation militaire à Koudougou, puis au camp militaire de Ouagadougou (camp Guillaume-Ouédraogo aujourd’hui), pour servir son pays si un jour celui-ci était attaqué. Il en est d’ailleurs ressorti avec une attestation de succès et un diplôme de succès au Brevet de préparation militaire, année 1959, avec la mention « Assez bien ». A l’époque, il était âgé de 16 ans, et était en classe de 4e au Cours normal de Koudougou.

Son pays, devenu indépendant en 1960, n’a pas connu une série d’attaques d’envergure comme celle qu’il connaît de nos jours. Pour avoir été en études en Europe pendant longtemps, il garde cependant, en souvenir lointain, le triste conflit entre le Mali et le Burkina.

Étant allé chez lui ce week-end pour m’enquérir de son état de santé, je lui ai demandé ce qu’il pouvait faire, à cet âge et malade, dans une armée. Il m’a répondu, d’un air grave, que « tout homme, quel que soit son âge, en cas de péril de la nation, peut, d’une manière ou d’une autre, être d’utilité, et même militaire, pour son pays. Le service, ici, peut ne pas être physique sur le théâtre des opérations. Mais par exemple, il peut être d’encouragement psychologique, d’encadrement par la sensibilisation aux valeurs de bravoure et de lutte pour la sauvegarde du pays « Il peut y avoir des psychologues dans des circonstances de nécessité. Mais des personnes âgées, de crédibilité certaine à l’échelon national, à côté des combattants, peuvent être de service pour la bravoure et le combat. Tout le monde peut servir ; toutes les personnes peuvent servir si elles sont de conviction, convaincues du caractère sacré de la nation. Il nous faut remonter, par notre soutien, le moral des troupes et de leurs encadreurs », a expliqué Me Paceré.

« Tout âge est sollicité pour sauver la patrie. »

Malgré son âge avancé qui pourrait être un handicap à sa volonté d’agir, Me Paceré est formel : « Dans ce contexte d’agressions de notre pays, tout âge est sollicité pour sauver la patrie en danger ».

« Je souhaite un engagement total de toutes les couches sociales pour la cause nationale »

Décidé et engagé à sa manière au front des combats contre le terrorisme qui menace la survie de la nation burkinabè, Me Paceré souhaite que dans les deux semaines à venir, au moins 10 000 citoyens de ce pays s’engagent pour la guerre contre le terrorisme, à Ouagadougou ; 10 000 à Bobo-Dioulasso et 10 000 dans chacune des autres régions du Burkina Faso. « L’appréciation ou la réserve sur l’aptitude de chaque postulant relèvera de la souveraineté de l’armée. Mais je souhaite un engagement total de toutes les couches sociales – femmes et hommes, jeunes et anciens de toute la nation – pour cette cause nationale de la défense de la patrie en danger », conclut Me Titinga Frédéric Paceré.

Témoignage de Maître Pacéré à son fils Sita Tarbagdo, journaliste

Source : lefaso.net

NB : Le titre est de la rédaction

 

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