« Le retour de la sécurité est une condition de plus à remplir pour la tenue d’élections dans la quiétude »

Plus l’année 2020 s’approche, plus l’atmosphère politique au Burkina devient de plus en plus ambiante. Des ambitions s(afficheront, des alliances de circonstances font également se nouer. Nous nous sommes entretenus avec le député Alexandre Sankara du groupe parlementaire Burkindlim, sur les raisons des fractures des partis sankaristes, sur l(ensemble de la situation politique et sécuritaire nationale, ses ambitions pour 2020. Avec tact, il répond sans détour à nos questions.

I-Burkina : Quelle ambiance règne au sein du groupe parlementaire BURKINDLIM que vous appartenez depuis votre prise de distance avec l’UNIR/PS ?

Député Alexandre Sankara : L’ambiance est toujours la même : studieuse quand il le faut mais aussi bon enfant. C’est une ambiance emprunte de respect mutuel entre les membres du groupe qui viennent de sept (7) partis politiques tout de même.

« Au Burkina, c’est un crime de lèse-majesté si un autre militant du parti, en dehors du président, décide de se porter candidat »
« Le retour de la sécurité est une condition de plus à remplir pour la tenue d’élections dans la quiétude »

 

Manifestement, la quasi-totalité des partis politiques qui se réclament porter l’idéal du père de la révolution d’Aout 84 continuent à se fissurer. Y a-t-il plusieurs visions selon vous d’incarner le sankarisme ?

Il y a un proverbe mossi qui dit que « ce qui existe chez le mossi, existe également chez les peulhs ». La multiplication des partis politiques n’est pas l’apanage des seuls partis sankaristes ? Il y autant de partis libéraux, sociaux-démocrates que de partis sankaristes. Et les cause sont à rechercher ailleurs que la vision.

Entre le MTP de Nayab Kongo Kaboré, le FFS de Edouard ZABRE, l’UNIR/PS de Me Bénéwendé SANKARA, le Parti de l’Espoir de Jean Hubert BAZIE, les PUR de Justin SOME etc, qui sont tous d’obédience sankariste, pensez-vous que la contradiction fondamentale qui les divise est idéologique ou une querelle de leadership.

L’UNIR/PS est le fruit de la fusion de la CPS, de l’UNIR/MS et d’un groupe de militants du FFS. Pour revenir à votre question, il faut dire que la contradiction n’est pas idéologique. Il y a certes, comme SANKARA lui-même l’avait prédit, des milliers de Sankara, mais il n’y a qu’un seul sankarisme. Les contradictions sont de deux ordres : celles, subjectives, liées aux égos surdimensionnés des uns et des autres qui se disputent un leadership qu’ils ont du reste du mal à incarner et à porter et celles, objectives, liées à la mal gouvernance et à l’absence de démocratie qui caractérisent les formations politiques.

Le dernier né des partis sankariste en avril 2018, s’appelle Progressistes Unis pour le Renouveau PUR qui regroupe des dissidents de l’UNIR/PS. N’est-ce pas un parti sankariste de trop ?

On assistera toujours à des créations tant que les contradictions décrites plus haut ne trouveront pas de solutions définitives.

Aujourd’hui votre appartenance politique à l’Assemblée nationale est peu perplexe. Quel éclairage pouvez-vous nous donner ?

Mon appartenance politique à l’Assemblée nationale ne souffre d’aucune perplexité. Je suis député, membre du groupe parlementaire « BURKINDLIM ». Je représente valablement et dignement les populations du Kadiogo qui m’ont élu et l’ensemble du peuple.

Nous sommes déjà à la veille des élections présidentielles et législatives de 2020. Quelles sont les conditions à réunir pour des élections paisibles ?

Toute élection, qu’elle se tienne ici ou ailleurs doit être libre et transparente. Au Burkina en particulier, le retour de la sécurité est une condition de plus à remplir pour la tenue d’élections dans la quiétude.

Déjà cinq candidats se sont déclarés : Roch Kaboré, Kadré Désiré Ouédraogo, Me Gilbert Noél Ouédraogo, le député Tahirou Barry et le Pr. Abdoulaye Soma sans doute que la liste continuera à s’allonger. Avez-vous aussi des ambitions ? Si oui ça serait sous la bannière de quel parti politique ?

Le moment venu je me prononcerai sur ma candidature à la présidentielle. Mais sachez que je ne participerai pas à une élection si c’est pour récolter 1 ou 2% des suffrages. L’élection présidentielle est une chose tellement importante qu’il faut éviter de la banaliser. Quand on décide d’y aller, on doit réunir les conditions minimales pour ne pas faire de la figuration. Il ne faut pas être candidat pour être candidat, juste pour empocher la subvention de l’état.

Le constat général en Afrique est que ce sont les présidents des partis politiques qui sont les éternels candidats du parti aux élections présidentielles. N’est-ce pas un sérieux problème d’éducation démocratique au sein des partis politiques ?

Il n’est écrit nulle part dans les textes fondamentaux des partis politiques que le président du parti est le candidat naturel du parti à chaque élection présidentielle. Je parlais tantôt de la démocratie au sein des partis. Regarder ce qui se passe dans les pays occidentaux, même si je n’aime pas trop les prendre comme des exemples. Pouvez-vous me donner le nom du président du parti démocrate ou du parti républicain aux Etats Unis d’Amérique ? Au moment venu, des primaires sont organisés pour désigner le meilleur des militants du parti pour aller aux présidentielles. Les perdants ne quittent pas pour autant le parti. Ici chez nous, c’est un crime de lèse-majesté si un autre militant du parti, en dehors du président, décide de se porter candidat.  J’en connais un particulièrement qui a été ostracisé dans son parti parce qu’il a osé dire qu’il était candidat à la candidature au sein de son parti lors des élections présidentielles de 2015. Il a fini par quitter le parti pour avoir la paix.

Quelle analyse faite vous de la gouvernance actuelle du Burkina ?

Il n’y a pas longtemps, l’APMP a fait le bilan des trois ans de pouvoir du président KABORE. Referez-vous à ce bilan. Toutes les analyses y sont. Je n’ai plus rien à ajouter.

Depuis 2016, le Burkina est secoué par des attaques terroristes et à cela se greffe des crises intercommunautaires. Comment surmonter ces crises qui plombent l’économie nationale ?

Je n’ai aucune recette miracle pour surmonter ces crises. Pour la lutte contre le terrorisme, laissons ceux qui sont commis à cette tache faire leur travail. Notre rôle en tant que citoyen est de les accompagner.

Dans ce contexte particulier le dialogue et la réconciliation nationale sont vivement sollicités. Comment peut-on y parvenir selon vous ?

Le triptyque est connu et a fait recette ailleurs : Vérité – Justice- Réconciliation.

Interview réalisée par A.O

 

 

 

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