Le Nicaragua a annoncé jeudi la rupture de ses relations diplomatiques avec Taïwan et la reconnaissance d' »une seule Chine  » dirigée par Pékin, réduisant à 14 le nombre de pays reconnaissant désormais l’île démocratique.

« La République populaire de Chine est l’unique gouvernement légitime qui représente toute la Chine, et Taïwan est une partie inaliénable du territoire chinois », a déclaré le ministre des Affaires étrangères nicaraguayen, Denis Moncada, dans un communiqué.

Le gouvernement du président Daniel Ortéga « rompt à partir d’aujourd’hui les relations diplomatiques avec Taïwan et cesse tout type de contact ou relation officiels », a-t-il ajouté.

Le ministère taïwanais des Affaires étrangères a réagi en exprimant « douleur et regrets du fond du cœur », mais a assuré qu’il continuerait à nouer des alliances ailleurs.

« Taiwan a toujours été un ami loyal et fiable du Nicaragua », a-t-il déclaré. « Il y a eu beaucoup d’assistance et de coopération à long terme entre les deux parties pour la société civile, qui ont donné des résultats substantiels. »

Les médias d’État chinois ont confirmé la nouvelle, indiquant que des délégations chinoise et nicaraguayenne s’étaient rencontrées vendredi à Tianjin (nord-est).

Rupture surprise

Cette rupture, annoncée par surprise, survient alors que les Etats-Unis ont durci leurs sanctions contre Daniel Ortega, réélu en novembre pour un quatrième mandat consécutif après avoir fait emprisonner tous ses rivaux.

Taïwan coopérait jusqu’à présent avec le Nicaragua principalement dans les domaines de la santé, de l’agriculture et du logement social, et plusieurs entreprises taïwanaises sont implantées dans le pays d’Amérique centrale depuis les années 1990.

Lorsqu’il est revenu au pouvoir en 2007, le président nicaraguayen Daniel Ortega, ancien guérillero marxiste du Front sandiniste de libération nationale (FSLN), avait exprimé l’espoir d’établir des liens avec la Chine et Taïwan en même temps, un concept dont Pékin ne veut pas entendre parler.

Le Nicaragua avait établi des relations avec Pékin pendant le premier gouvernement sandiniste (1979-1990), mais le gouvernement de Violeta Chamorro (1990-1997) les avait ensuite rompues au profit de Taïwan, situation qui a perduré jusqu’à jeudi.

Seuls quatorze pays reconnaissent désormais Taïwan, où les troupes nationalistes chinoises se sont réfugiées en 1949 après leur défaite face aux communistes.

Pékin considère l’île comme une province rebelle devant à terme être réunifiée au continent, par la force si nécessaire.

Pékin fait monter la pression militaire, économique et diplomatique sur Taipei depuis l’élection en 2016 à la présidence taïwanaise de Tsai Ing-wen, issue d’un parti traditionnellement favorable à une déclaration formelle d’indépendance, une ligne rouge pour le gouvernement chinois.

Depuis, Pékin a arraché à Taipei la reconnaissance diplomatique de huit pays, dont quatre en Amérique latine (Panama, Salvador, République dominicaine et Nicaragua). Le Guatemala, le Honduras et le Bélize sont les derniers alliés de Taïwan en Amérique centrale.

Au Honduras, la présidente élue Xiomara Castro, qui prendra ses fonctions le 27 janvier, a promis pendant sa campagne de rompre avec Taïwan au profit de Pékin.

Après la rupture avec le Nicaragua, les quatorze pays qui reconnaissent Taïwan sont le Guatemala, le Honduras, le Bélize, le Paraguay, Haïti, Saint-Christophe-et-Niévès, Sainte-Lucie, Saint-Vincent-et-les-Grenadines, les îles Marshall, Nauru, Palau, Tuvalu, l’Eswatini et le Vatican.

Taïwan a ouvert en novembre un bureau de représentation sous son propre nom en Lituanie, provoquant la colère de Pékin. L’île possède de nombreuses autres ambassades officieuses de ce type à travers le monde, mais sous le nom de « Taipei ».

La perte du Nicaragua comme allié formel aura peu d’effet concret pour Taipei, a estimé Jessica Drun, experte de Taïwan à l’organisation Atlantic Council.

« Je pense personnellement que les relations officieuses de Taïwan sont plus vitales que les officielles », a-t-elle dit à l’AFP.

Source : Le Point

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