La sécurité a pris d'assaut le lieu de l'attaque

Une attaque à l’arme blanche a fait trois morts et plusieurs blessés dans le secteur de la basilique Notre-Dame, à Nice, hier jeudi 29 octobre. La haine islamiste vient encore de frapper le cœur battant de la France. Pour la troisième fois en un mois et depuis l’ouverture du procès de l’attentat de Charlie Hebdo, un terroriste a fait chavirer le pays dans l’horreur en répandant cette fois le sang au cœur même d’un sanctuaire catholique.

Il faut remonter à l’assassinat du père Jacques Hamel, égorgé en son église de Saint-Étienne-du-Rouvray le 26 juillet 2016, pour connaître un tel sacrilège. Ce jeudi, l’équipée barbare a une nouvelle fois endeuillé la Cité des Anges, déjà meurtrie par l’agression de trois militaires en février 2015 et l’attaque kamikaze au camion bélier qui avait fait 86 morts sur la promenade des Anglais il y a quatre ans, au soir du 14 Juillet. Sans attendre, le parquet national antiterroriste a ouvert une enquête pour « assassinat et tentative d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste » et « association de malfaiteurs terroriste criminelleLa sécurité a pris d’assaut le lieu de l’attaque».

Selon les derniers éléments de l’enquête révélés jeudi soir par le procureur Jean-François Ricard, le tueur a été filmé par des caméras de vidéos surveillance entrant dans la gare de Nice à 6h47. Pour brouiller les pistes, il change alors de chaussures et retourne sa «doudoune» avant de faire irruption à 8h29 à l’intérieur de la basilique Notre-Dame-de-l ‘Assomption de Nice. Porteur d’un coran, de deux téléphones et de trois couteaux, dont un d’une lame de 17 centimètres utilisé pour le carnage, il se rue sur des fidèles réunis à quelques jours de la fête catholique de la Toussaint, le 1er novembre, célébrant tous les saints de l’Église. Le huis clos barbare va durer près de trente minutes. À l’entrée de l’édifice, une paroissienne de soixante ans est retrouvée, selon le procureur Ricard, en présentant un «égorgement très profond, de l’ordre de la décapitation».

Dites à mes enfants que je les aimais.

Le sacristain, un laïc âgé de 55 ans, est lui aussi mortellement blessé avec la même ignominie. Une troisième fidèle, poignardée à de multiples reprises, parvient à s’échapper à 8h54 par une porte latérale du lieu de culte avant de trouver refuge dans un restaurant voisin. Dans un ultime souffle avant de succomber dans les bras des secouristes, cette mère de famille de 44 ans lâche ce mot : « Dites à mes enfants que je les aimais. » Alertés par un passant qui a pressé l’une des bornes d’urgence reliées à la police municipale, quatre agents interviennent à 8h57. Face au terroriste qui se rue vers eux aux cris d’« Allah Akbar », ils tentent en vain de le neutraliser à l’aide de leur pistolet à impulsion électrique avant de faire feu à 14 reprises avec leur arme de service. Très sérieusement blessé, il a été transféré vers un hôpital où son diagnostic vital a été engagé. Ses empreintes ont aussi été relevées pour confirmer son identification. Il s’agit d’un clandestin tunisien, inconnu des services de renseignement, arrivé en France après avoir transité par l’Italie dans le flot des migrants. Un document d’identité de la Croix-Rouge retrouvé à ses côtés répond à celui de Brahim A., âgé de 21 ans. Entré en Italie via Lampedusa le 20 septembre dernier à bord de l’un bateau chargé de migrants, il a débarqué à Bari le 9 octobre.

Selon Il Corriere, ce dernier y aurait été arrêté lors d’un contrôle. Transféré dans un centre d’identification en charge des ressortissants non européens, il n’a pas été détenu en vue d’être rapatrié vers Tunisie. L’enquête s’attache à retracer son parcours et d’éventuelles complicités. Charge aux policiers de comprendre aussi pourquoi le terroriste n’est pas resté détenu en attendant son rapatriement.

Autour de la basilique Notre-Dame, le service de déminage a sécurisé le périmètre tandis que les policiers de la sous-direction antiterroriste (Sdat) et de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) multiplient les recoupements. Sur place, Emmanuel Macron a appelé les Français à « l’unité » et à « ne rien céder à l’esprit de division », ni à « aucun esprit de terreur ». Avec un accent martial, il a délivré « un message de fermeté absolue » en portant « dans les prochaines heures » la « mobilisation dans le cadre de l’opération “Sentinelle” de 3000 à 7000 militaires sur notre sol ».

Les deux attaques précédents celle de Nice sont ô combien symboliques. Commises au hachoir de boucher le 25 septembre aux abords de l’ancien siège de Charlie Hebdo et à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), où le professeur d’histoire-géographie Samuel Paty a été décapité au couteau le 16 octobre pour avoir enseigné la liberté de conscience en montrant à ses élèves une caricature de Mahomet, elles ont été orchestrées et exécutées par des djihadistes de l’intérieur, aveuglés à l’idée de « venger le Prophète ».

La tuerie de Notre-Dame intervient le jour de la fête musulmane du Mawlid, célébrant la naissance du prophète Mahomet, exacerbant les fanatiques de tout bord. Jeudi après-midi, aucune revendication n’a été enregistrée par les services spécialisés lancés dans une folle course contre la montre pour déjouer d’autres attentats. Ainsi, à Lyon, un Afghan, né en 1994 et connu des services de renseignements pour son appartenance à l’islam radical, a été interpellé par la police. Vêtu d’une djellaba et d’une veste de treillis, il brandissait un couteau en pleine rue. Son arrestation a permis d’éviter une nouvelle tragédie.

Prise en étau entre une pandémie devenue incontrôlable et le spectre terroriste, la France, pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, doit faire face simultanément à un double défi qui menace l’unité nationale. Après la prolongation de l’état d’urgence sanitaire, le plan Vigipirate est porté au niveau « urgence attentat » sur l’ensemble du pays, a annoncé jeudi le premier ministre Jean Castex, précisant qu’un Conseil de défense aurait lieu ce vendredi matin.

Dernière illustration de la puissance de la propagande terroriste, l’attentat de Nice intervient après la diffusion d’un communiqué de l’agence Thabat, proche d’al-Qaida.

Ce seuil d’alerte, temporaire et exceptionnel en cas de crise terroriste, avait été déclenché quand les frères Kouachi étaient en cavale après avoir semé la mort dans la rédaction de Charlie en janvier 2015. Dernière illustration de la puissance de la propagande terroriste, l’attentat de Nice intervient après la diffusion d’un communiqué de l’agence Thabat, proche d’al-Qaida. Diffusé dimanche dernier, il appelait de façon explicite à commettre des actions visant notre pays dans le cadre du « djihad individuel ». Aussitôt, Gérald Darmanin avait adressé un télégramme aux préfets pour les appeler à une « vigilance accrue ». Jeudi matin, dans une seconde note que Le Figaro s’est procurée, l’hôte de Beauvau demande de renforcer la surveillance des églises et les cimetières. Autant de symboles de la chrétienté martyrisée, qu’il s’agit plus que jamais de sanctuariser.

Christophe Cornevin, Luc Lenoir

Source : Le Figaro

 

Laisser un commentaire