Le président Pierre Nkurunziza est décédé

Le communiqué du gouvernement burundais ne précise pas les causes de la mort de Pierre Nkurunziza, qui devait céder le pouvoir dans quelques semaines. Beaucoup soupçonnent néanmoins qu’il soit décédé du Covid-19, alors même qu’il refusait de reconnaître la gravité de la pandémie.

“Urgent : le président Nkurunziza est mort”, titre sobrement en une l’un des rares sites d’information burundais à pouvoir encore exercer librement son métier, Iwacu, ce mardi 9 juin après-midi. “Le gouvernement burundais annonce qu’un deuil national est ouvert pour sept jours à partir d’aujourd’hui” et “demande aux Burundais de rester calmes”, précise le média.

Depuis plusieurs heures, l’information circulait. Elle a finalement été officialisée par un communiqué du gouvernement peu après 16 h 30 (heure de Paris). Le texte évoque “le décès inopiné”, à la suite d’“un arrêt cardiaque”, de Pierre Nkurunziza, lundi 8 juin, à l’hôpital de Karuzi.

Aucune précision supplémentaire n’a été pour l’heure apportée sur les causes de cet arrêt cardiaque, mais tous les observateurs soupçonnent le Covid-19, alors que la première dame, Denise Bucumi, a été hospitalisée au Kenya dans un état grave, fin mai, atteinte de la maladie. À 55 ans, Pierre Nkurunziza serait alors le premier chef d’État à succomber à la pandémie.

L’hypothèse du Covid-19

Si cette hypothèse se confirmait, cela sonnerait comme une étrange ironie, puisque “le couple Nkurunziza s’obstinait à nier [la gravité de la pandémie], rappelle La Libre Belgique, et “pratiquement aucune mesure n’avait été prise” pour en éviter la propagation dans le pays. Le dauphin et successeur annoncé de Pierre Nkurunziza, Évariste Ndayishimiye, avait ainsi soutenu que le pays bénéficiait d’une “protection divine”. Le journal belge poursuit : “Cela va semer la panique dans les rangs des dirigeants burundais, ces derniers ayant, comme le chef, fait fi des précautions indispensables. Il leur faudra organiser des funérailles nationales qui risquent de contribuer à la propagation de la maladie.”

La mort du président burundais survient dans un contexte très particulier. Chef de la rébellion FDD pendant la guerre civile, il a échappé à plusieurs tentatives d’assassinats, guet-apens et condamnations à mort. Après les accords de Pretoria, en 2003, il devient ministre puis, en 2005, remporte les premières élections de l’après-guerre civil et prend la tête du pays. Une place que ce fervent évangéliste et fin tacticien refuse de céder après deux mandats. Il fait modifier la Constitution pour se maintenir au pouvoir en 2015.Alors que la rue se révolte, il réprime sans retenue et cadenasse son pays.

Ndayishimiye, successeur désigné

Pierre Nkurunziza avait néanmoins décidé de céder la main cette année. Malgré l’épidémie de Covid-19, il a propulsé son dauphin, le général major Evariste Ndayishimiye, lors de la présidentielle du 20 mai dernier. Un scrutin qui s’est tenu dans le calme, bien que les résultats soient contestés par le principal opposant, Agathon Rwasa.

Qui succédera à “Pieter” (tel qu’est surnommé Pierre Nkurunziza) ? S’interroge La Libre Belgique. “L’article 121 de la Constitution prévoit qu’en cas de décès du chef de l’État, lui succède à titre intérimaire le président de l’Assemblée nationale. Il s’agit actuellement de Pascal Nyabenda, très proche du président sortant, qui l’avait proposé comme candidat du CNDD-FDD à la présidentielle lors des élections générales du 20 mai dernier. Le groupe des généraux qui dirigent le pays avec le chef de l’État lui avait toutefois préféré le général major Évariste Ndayishimiye. Et ainsi fut-il fait. […] Le plus vraisemblable serait qu’on accélère la prestation de serment du général major Ndayishimiye, normalement prévue par le calendrier électoral pour le 20 août.” La mort de l’homme qui s’était érigé au prix du sang en “guide” de son pays ouvre une nouvelle ère d’incertitude pour le Burundi.

AST

 

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