Au Mali la crise securitaire est à l'origine de la descolarisation de milliers d'enfants. Photo d'illustration

À l’horizon 2030, jusqu’aux deux tiers des personnes les plus pauvres du monde vivront dans ces pays. Selon le Groupe de la Banque mondiale, seules des mesures urgentes dans les pays en situation de fragilité, conflit et violence (FCV) permettront de mettre fin à l’extrême pauvreté dans le monde.

Face à des situations de crise qui tendent à se prolonger — avec des effets délétères pour les habitants et les économies —, le Groupe de la Banque mondiale a présenté aujourd’hui une stratégie dédiée aux situations de FCV dans laquelle, pour la première fois, il déploie de manière systématique une panoplie complète de financements et d’expertise dans le but de relever ces défis à la fois dans les pays à faible revenu et dans ceux à revenu intermédiaire.

Selon un rapport de la Banque mondiale publié aujourd’hui, si rien ne change, jusqu’aux deux tiers des individus les plus pauvres du monde vivront dans un pays fragile et en conflit d’ici 2030. Contrairement au reflux tendanciel de l’extrême pauvreté ailleurs dans le monde, la situation se dégrade fortement dans ces pays, mettant en péril les progrès obtenus ces dernières décennies. Le capital humain paie au prix fort ces situations de fragilité et de conflit qui, en réduisant la productivité et les gains d’un individu tout au long de sa vie et en contraignant la mobilité socioéconomique, créent un engrenage fatal. Dans ces pays, un habitant sur cinq est simultanément privé de ressources financières, d’éducation et d’infrastructures essentielles. Et le nombre de personnes vivant à proximité d’une zone de conflit a pratiquement doublé en dix ans.

« La résolution des crises humanitaires nécessite un soutien immédiat et des stratégies de développement sur le long terme, souligne David Malpass, président du Groupe de la Banque mondiale. Pour mettre fin à l’extrême pauvreté et briser la spirale de la fragilité, du conflit et de la violence, les pays doivent garantir l’accès aux services essentiels, la transparence et la redevabilité des institutions et l’inclusion économique et sociale des communautés les plus marginalisées. Ces investissements sont indissociables de l’aide humanitaire. »

Né au lendemain de la Seconde Guerre mondiale pour financer la reconstruction post-conflit en Europe, le Groupe de la Banque mondiale met désormais l’accent sur la nécessité d’agir avant, pendant et après les situations de crise, pour parvenir à mettre fin à la pauvreté. Il préconise les mesures préventives pour s’atteler aux causes profondes d’un conflit — l’exclusion économique et sociale, le changement climatique, les chocs démographiques… — avant que les tensions ne se transforment en crise ouverte. Pendant un conflit, il s’emploie à renforcer la résilience des institutions et à préserver les services essentiels, comme la santé et l’éducation, pour les communautés les plus vulnérables.

La stratégie insiste également sur l’importance d’apporter un soutien durable aux pays fragiles en transition, y compris à travers la participation du secteur privé, comme la hausse des investissements dans les petites et moyennes entreprises, vitales pour créer des emplois et stimuler la croissance économique. Elle s’intéresse aux retombées d’une situation de fragilité, conflit et violence sur les pays voisins, en s’attachant notamment aux besoins de développement des réfugiés et des communautés qui les accueillent.

Cette évolution est portée par une augmentation des financements mobilisés, à la faveur de l’augmentation du capital de la Banque mondiale et de la dernière reconstitution des ressources de l’Association internationale de développement (IDA), son fonds pour les pays les plus pauvres, qui prévoit une enveloppe de plus de 20 milliards de dollars pour les pays en situation de fragilité, conflit et violence. La Banque mondiale et la Société financière internationale (IFC) procéderont également à des changements opérationnels importants, en déployant notamment davantage de personnel et de ressources dans ces pays et en travaillant en partenariat avec un large éventail d’acteurs locaux et internationaux. Enfin, IFC et l’Agence multilatérale de garantie des investissements (MIGA) se sont engagées à renforcer leur soutien aux investissements privés dans les pays en situation de fragilité, conflit et violence.

Source : Doc. Banque mondiale

 

Laisser un commentaire