Adama Kanazoé, Président de l'AJIR : "La politique pour nous dans un premier temps est un sacerdoce".

Cultivé, calme, le ton mesuré, le visage serein et très jeune Adama Kanazoé qu’on ne présente plus a été candidat à la l’élection présidentielle de 2015 au nom de l’Alliance des jeunes pour l’indépendance et la république (AJIR). Actuellement Conseiller spécial du président du Faso pour le secteur privé et les objectifs du développement durable, l’AJIR qui vient de tenir son premier congrès ordinaire les 23 et 24 février dernier lui a renouvelé sa confiance en le désignant par acclamation à la tête du parti pour les quatre prochaines années. Il a accepté s’entretenir avec nous dans son bureau au palais présidentiel à Kosyam sur l’avenir de l’AJIR, la situation sociopolitique du Burkina et les actions du Président Roch Marc Christian Kaboré. Des propos digne d’intérêts!

Le Président de l’AJIR, Adama Kanazoé lors de l’entretien avec le journaliste

IBurkina : En ce début d’année 2018, quels sont les vœux sincères du président de l’AJIR pour le Burkina ?

Adama Kanazoé : Pour cette année 2018, nos souhaits pour l’ensemble du peuple sont des souhaits de paix, de prospérité, de santé pour chacune et chacun de nos concitoyens. Surtout que nous œuvrons ensemble pour que le Burkina devienne pour chacun de nous un havre de paix, une source de prospérité que nous avons tous rêvé.

Nous appelons de tous nos vœux que les filles et les fils de ce pays arrivent à travers la vérité et la justice à se pardonner afin, de pouvoir construire ensemble un Burkina Faso nouveau.

Ce début d’année est aussi marqué par la ténue du 1er Congrès ordinaire de l’AJIR avec pour thème : « l’AJIR face aux défis de la cogestion du pouvoir d’État ». Qu’est ce qui justifie le choix de thème ? Et que peut-on s’attendre comme changement dans la vie du parti à l’issue de ce Congrès ?

Le choix de ce thème est contextuel. Vous savez qu’à l’issue des élections couplées de 2015,  le président Roch Marc Christian Kaboré avec qui nous avons cheminé ensemble, depuis le CFOP pour mener le combat pour plus de liberté et de justice, avait dit clairement que son souhait est que nous puissions faire bloc pour la gestion du pouvoir d’État. Aujourd’hui, nous sommes impliqués dans la gestion du pouvoir d’Etat. Je suis Conseiller du Chef de l’État en charge du secteur privé et des objectifs du développement durable. Je pense que c’est une position stratégique qui implique notre parti qui est également membre de l’Alliance des partis de la majorité présidentielle (APMP) qui constitue un socle politique de l’action du président Roch Marc Christian Kaboré. Donc, il est important pour nous d’avoir un regard, assez pointu sur la gestion du pouvoir aujourd’hui. Et surtout l’aider à atteindre ses objectifs. Qu’est-ce que nous n’avons pas assez fait ? Qu’est-ce que nous devrions faire de plus pour que cette appartenance à cette majorité ne constitue pas pour notre parti une espèce de mouroir. Ce sont tous ces éléments  qui ont été analysés pendant les deux jours du congrès par les différentes commissions ad’ oc et qui nous ont permis d’aboutir à des conclusions qui donnent des nouvelles orientations à notre parti.

C’est par acclamation que les congressistes vous ont reconduit à la tête de l’AJIR. Quels sont les chantiers prioritaires du nouveau bureau pour les quatre prochaines années ?

Effectivement ! Et je saisis cette opportunité pour renouveler mes remerciements à tous les camardes du parti qui ont fait une fois de plus confiance à ma modeste personne pour conduire le parti les quatre prochaines années. Lors de ce congrès, nous avons exploré un diagnostic profond de la vie du parti. Comme vous le savez notre parti a quatre ans à peine, mais nous avons  participé  à tous les scrutins électoraux. C’est déjà une expérience importante pour nous. Ce qui n’est pas le cas de bon nombre de partis politiques au Burkina. De ces expériences, nous avons tiré deux enseignements :

Primo : Nous nous sommes rendus compte que le bureau exécutif national que nous avons dans son ossature n’était pas efficace et opérationnel.

Secundo : Le congrès nous a permis de restructurer l’ensemble des instances du parti, qui donne mandat au nouveau bureau exécutif national de remettre en place les structures, de rétablir un certain nombre de valeurs. La politique pour nous dans un premier temps est un sacerdoce. C’est apporter sa contribution en traduisant ses convictions en action concrète pour le bonheur du peuple. Donc, ceux qui viennent dans notre parti avec des convictions qui ne sont pas saines, il sera difficile pour le parti de pouvoir les conserver.

Ce congrès nous a aussi permis de pouvoir choisir les meilleurs profils, les meilleurs camarades plus engagés pour redémarrer les activés du parti au service du peuple burkinabè.

Aussi à travers le congrès, nous avons entériné l’union que nous avons entreprise avec trois autres partis politiques de la majorité présidentielle. Le congrès a demandé que nous continuons la discussion pour aller vers cette fusion qui est l’objectif à terme de cette démarche.

Ce congrès s’est tenu aussi au moment ou un certain responsable de la section AJIR/ France et de la section du Boulgou Diessongo Gara Dieudonné à travers une déclaration à la presse dénonce certaines pratiques à l’AJIR et démissionne du même coup. Avez-vous pris connaissance de cette déclaration et quelle est votre opinion sur la question?

Nous considérons cette déclaration caduque et sans objet. Parce que tous les mandats étaient arrivés à terme. L’avenir nous situera davantage sur certaines réalités.

A l’élection présidentielle de novembre 2015, vous étiez le « Candidat de la jeunesse », au compte de l’AJIR. Vous incarnez depuis lors l’espoir de la jeunesse burkinabè. Comment vous envisagez 2020 ?

La troisième résolution prises par le congrès a rappelé que l’AJIR s’est positionné dès le départ comme un parti qui a beaucoup d’ambition pour la jeunesse burkinabè. Notre programme d’ailleurs est : « Construire le Burkina Faso avec sa jeunesse », donc le congrès a rappelé qu’il était important pour le parti de mettre en œuvre cette vision et de ne pas attendre forcement de conquérir le pouvoir d’État pour pouvoir traduire en action, l’ensemble des valeurs que nous défendons. Nous serons sur le terrain pour la sensibilisation de la jeunesse.

Quant à l’avenir politique du président de l’AJIR ou de sa position en 2020, c’est une prérogative qui appartient à l’AJIR qui, au temps opportun va décider de la personne qui a le meilleur profil pour participer à tel scrutin. Mais présentement pour nous ce ne sont pas les priorités du moment. Les priorités du moment pour nous sont le renforcement des bases du parti et  des capacités des camarades sur les idéaux du parti. Pour l’avenir, je pense que vous et moi on en aura toujours le temps pour en parler.

On a pu constater dernièrement dans le paysage politique burkinabè que votre parti l’Alliance des jeunes pour l’indépendance et la république (AJIR), le Front des forces sociales (FFS), le Parti du peuple républicain (PPR), et le Rassemblement pour la démocratie et le socialisme (RDS) se sont regroupés pour donner naissance à l’Union pour la démocratie et le progrès (UDP). Qu’est ce qui a motivé cette union ? Et jusqu’où comptez-vous cheminer ensemble?

Cette initiative vise clairement à renforcer les différents partis. La réalité du terrain au Burkina est qu’en dehors des trois grands partis qui existent, beaucoup de micro-partis ont du mal à s’implanter sur le plan national. Par ce que ça coûte énormément beaucoup d’argent, de temps, et de divers moyens pour faire ce travail. Donc, des partis qui ont des fiefs électoraux en se regroupant peuvent parvenir à être davantage utile pour répondre aux aspirations du peuple burkinabè. Ce n’est pas en s’isolant chacun dans sa portion où il a un succès relatif qu’on parviendra à conquérir le pouvoir d’État. D’ailleurs, on dit généralement que l’union fait la force et nous voulons à travers cette union devenir une force politique alternative au Burkina Faso. Et notre objectif est de parvenir à créer un parti unique le plus tôt possible et

« Je sollicite un sursaut patriotique à chaque burkinabè à jouer sa partition pour la réussite du programme présidentiel, car la prospérité du Burkina nous profitera à tous. »

aller en 2020 aux élections sous la bannière de celui-ci.

Vous êtes le Conseiller du président du Faso pour le secteur privé et les Objectifs pour le développement durable (ODD). Depuis deux ans les activités économiques tournent au ralenti au Burkina. Quelles sont les difficultés réelles du secteur privé et comment y remédier de façon durable ?

Le secteur privé burkinabè ces dernières années a été victime d’un coup dur sur plusieurs plans. Il y a certains qui ont subi des saccages, il y a la dette intérieure du régime passé qu’il fallait épurer etc. Le Président Roch Marc Christian Kaboré a fait d’énormes efforts au niveau de la dette intérieure qui a été carrément épurée. Ce qui a permis à beaucoup d’acteurs de relancer leurs activités. Nous avons un cadre macroéconomique qui est positif et apprécié des différents bailleurs.  Maintenant il est important que toutes les filles et tous les fils du Burkina se donnent confiance, croient en leurs projets et surtout reprennent l’enthousiasme d’investir. Parce que nous avons présentement des investisseurs étrangers qui reviennent au Burkina. Par exemple, on aura bientôt l’implantation d’une usine de textile qui va créer 12000 emplois,  plus de cinq sociétés de centrales solaires qui seront bientôt créées etc. Des investisseurs étrangers font confiance au Burkina, alors il faut également que les opérateurs économiques burkinabè reprennent l’initiative de l’investissement. Car la solution ce n’est pas d’aller investir ailleurs. Comme dit l’adage : « Quand on dors sur la natte du voisin, on dors par terre ». La stabilité politique et économique est en marche au Burkina, donc il faut que les burkinabè soient eux même les acteurs du développement du pays.

En décembre 2017, un sondage du CGD,  attribue la note de 4,79/10 au président Kaboré. Sous prétexte que les sondés ne sont pas satisfaits de la lutte contre le terrorisme, la corruption, la gestion de la gouvernance en générale après deux ans d’exercice du pouvoir d’État. Qu’en pensez-vous ?

Je pense que c’est une opinion. Il faut prendre acte. Et surtout c’est une invite. Le Président Roch Marc Christian Kaboré, l’ensemble de ses collaborateurs et l’équipe gouvernementale n’ont pas encore la prétention d’avoir déjà tout fait pour le peuple burkinabè. Nous sommes même conscients qu’il reste beaucoup de choses à faire. Car en deux ans, on ne peut pas résoudre à coup de bâton magique des problèmes vieux de plusieurs décennies. Je pense que le Président Roch Marc Christian Kaboré doit être apprécié à la fin de son mandat. Beaucoup de chantiers sont en œuvre et d’ici la fin 2018, il y aura sans doute des retombés bénéfiques au profit du peuple burkinabè. Mais le bilan à mi-parcours on ne le trouve pas inutile. C’est plutôt une piqure de rappel que les attentes sont immenses et qu’il faut accélérer les chantiers.

Monsieur le président, votre mot de la fin ?

C’est un message d’espoir. Le peuple burkinabè a eu raison de lutter pour plus de démocratie, il a certainement eu raison de faire confiance au programme du président Roch Marc Christian Kaboré, il a raison également d’exiger du Président Roch Marc Christin Kaboré et de son équipe plus de résultats. Et je rassure que cette équipe est à pied d’œuvre et les résultats font se faire sentir. Nous n’avons pas de doute, le Chef de l’État est soucieux de la réussite de son mandat, il est très soucieux du respect de ses engagements vis-à-vis du peuple burkinabè. Donc, je sollicite un sursaut patriotique à chaque burkinabè à jouer sa partition pour la réussite du programme présidentiel, car la prospérité du Burkina nous profitera à tous.

Interview réalisée par

Théodore ZOUNGRANA

Email : tzoungrana@yahoo.fr

« La politique pour nous dans un premier temps est un sacerdoce ».

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