Photo de famille des Chefs d’États et de gouvernement au 29éme Sommet de l'UA à Addis-Abeba (Photo Reuters)

Le 29e Sommet des chefs d’État et de gouvernements des pays membres de l’Union africaine se tient du 03 au 04 juillet 2017 à Addis-Abeba (Éthiopie) où siège l’organisation continentale. Pour ce 2ème Sommet de l’année, plusieurs sujets d’actualité majeure sont au menu de la session. Il s’agit notamment de la réforme de l’intuition en vue de lui accorder plus d’autonomie financière, la résolution des différentes crises que connaissent plusieurs pays du continent ainsi que des sujets relatifs au développement de l’Afrique. Des sujets qui suscitent beaucoup d’espoirs mais qui risquent de se confronter au manque criant de moyens.

C’est sous le même thème que le précédent sommet de janvier dernier : « tirer pleinement profit du dividende démographique en investissant dans la jeunesse » que se tiennent, le 29e Sommet de l’UA. En présence de plusieurs dizaines de dirigeants du continent, les travaux ont en réalité démarré depuis les 27 et 28 juin avec la 34e session du Comité des représentants permanents (COREP) et par la suite la 31e réunion du Comité exécutif de l’Union, lequel regroupe les ministres des affaires étrangères des pays membres. Des rencontres en marge qui ont permis de baliser les grands sujets sur lesquels vont se pencher les principaux leaders africains durant les deux jours de plénière qui constituent le clou de la rencontre au sommet.

Indépendance financière

Sans rien occulter de l’importance du sujet, d’autres sujets d’actualités majeures ont plus cristallisé les débats lors de ce 29e Sommet de l’UA.

Il s’agit notamment de questions d’intérêts stratégiques pour l’organisation et les pays africains notamment la réforme institutionnelle de l’organisation, celles relatives à la paix et la sécurité ainsi que l’adoption du budget 2018 de l’organisation et la mise en œuvre de l’Agenda 2063 de l’UA.

Entamée en juillet 2016 lors du sommet de Kigali au cours duquel le président rwandais Paul Kagamé a été chargé d’en chapeauté le processus, les grands axes de la réforme institutionnelle de l’organisation ont été présentés et adoptés lors du précédent sommet de janvier dernier d’Addis-Abeba. Il reste donc à en définir les modalités à l’occasion de ce sommet avec comme principal objectif, l’indépendance financière de l’organisation continentale dont le budget, estimé par exemple à près de 800 millions de dollars pour 2018, dépend à plus de 80% de la contribution des donateurs extérieurs notamment l’Union européenne, les USA et la Chine. Le défi pour les chefs d’États africains, c’est de s’affranchir de cette dépendance qui donne un droit de regard aux puissances étrangères. Dans le projet de réforme, le principe qui a été retenu est celui d’un prélèvement, à hauteur de 0,2%, des taxes sur les importations non africaines de chaque pays. Le principe est pourtant loin de faire l’unanimité autour de ce principe proposé initialement par l’ancien président de la Banque africaine de développement (BAD), Donald Kaberuka. Si certains pays notamment d’Afrique de l’Ouest, se sont déjà engagés dans ce sens, certains pays pour des raisons propres à la structure de leurs économies, hésitent encore. C’est le cas notamment de certains poids lourds du continent notamment L’Égypte et l’Afrique du Sud, même si pour ce sommet, Abdel Fattah Sissi et Jacob Zuma ne sont pas présents. Les dirigeants africains ont certes fait preuve d’optimisme à Addis-Abeba, mais il va falloir encore attendre avant de voir la mesure entrer en vigueur.

L’Autonomie financière de l’Union Africaine à l’horizon 2020 est un impératif stratégique et faisable.

Réforme institutionnelle

En plus de l’autofinancement de l’organisation, la réforme devrait également porter sur d’autres révisions des textes en vue notamment de permettre à l’UA de jouer pleinement son rôle et d’être plus au service des populations. Selon le président de la Commission de l’UA, le tchadien Moussa Faki Mahamat, l’enjeu est de renforcer la crédibilité de l’organisation tant au sein des peuples africains qu’au niveau international. «  Notre crédibilité internationale est très importante car partout où j’ai été ces derniers cent jours, j’ai perçu la même réconfortante appréciation. Aucune organisation internationale, aucune grande ou moyenne puissance dans le monde n’entend plus désormais agir en Afrique sans l’Union africaine » a ainsi souligner le tchadien qui a été élu en janvier dernier et dont c’est le premier sommet à ce titre. De ce fait, le président de la Commission a plaidé lors de la session du conseil des ministres, à « continuer à mériter cette immense reconnaissance nous impose de prendre les mesures, des réformes,  qui nous permettent de maintenir notre rang ». L’ancien chef de la diplomatie tchadienne n’a pas manqué de mettre l’accent sur la force de frappe du continent au niveau mondial faisant remarquer qu’à chaque fois chaque fois que l’Afrique a gardé notre unité et parlé d’une seule voix, « elle a remporté des victoires ». Toutefois, n’a-t-il pas manqué de rappeler, « malgré ces progrès, nous avons continué à donner l’image, dans beaucoup d’occasions d’un déploiement, en ordre dispersé ».

Dans le même cadre des pistes de réformes proposées par la Commission présidée par Kagamé et que l’actuel président en exercice de l’UA, le guinéen Alpha Condé, veut acter avant de passer le témoin en  janvier prochain, a révision de certaines attributions de l’organisation au profit des communautés économiques régionales (CER). C’est particulièrement le cas de la résolution des crises que traversent certains pays, autres sujets majeures du sommet.

Crises politiques et sécuritaires

Au menu de l’ordre du jour des dirigeants africains, la gestion des crises qui affectent plusieurs pays du continent et qui prennent de plus en plus de l’ampleur. Des crises politiques et sécuritaires qui affectent le développement du continent comme c’est le cas au Sahel notamment au Mali, en Libye, au Sud Soudan, au Burundi ou en RDC. Comme il fallait s’y attendre, c’est en terme très diplomatiques que les chefs d’État ont abordé ces sujets qui ont donné lieu à plusieurs réunions au sommet. L’UA a en effet mis plusieurs comités pour se pencher sur les questions majeures notamment la crise Libyenne.

Vers une zone de libre-échange continentale

En plus d’autres sujets d’actualités notamment la problématique migratoire et les défis du financement du développement, les chefs d’État ont fait le point sur l’état d’avancement de l’Agenda 2063 de l’UA. L’une des questions qui a particulièrement retenu l’esprit, c’est la mise en place de la Zone de libre-échange continentale (ZLEC), un chantier qui permettra d’instaurer un marché unique de 1,3 milliard de consommateurs et au sein duquel « les produits circuleront et s’échangeront librement » selon le président du Niger, Mahamadou Issoufou, qui a été également chargé par ses homologues de chapeauter ce chantier au nom de l’organisation.  Selon les estimations de l’UA, ma mise en œuvre effective de ce libre échange permettra, d’ici 2021, de doubler la part du commerce inter-africain de 14 à 28% ce qui correspond à un gain annuel de 35 milliards de dollars pour le continent alors que jusque-là le commerce inter-africain ne représente que de 10% de ses échanges.

 « Nous pouvons mettre fin au paradoxe d’une Afrique qui regorge d’énormes ressources naturelles et dont les populations sont les plus pauvres du monde, une Afrique exportatrice de matières premières sans aucune transformation et dont les pays sont victimes de la détérioration des termes de l’échange, une Afrique dont la contribution au commerce mondial est marginale.» Mahamadou Issoufou

Première participation du Maroc

Il convient de relever que ce 29e sommet a été marqué par la participation du Maroc, pour la première fois depuis une trentaine d’année, aux travaux comme membre à part entière après son retour dans l’organisation continentale en janvier dernier. Le Royaume a été représenté par une importante délégation conduite par le prince Moulay Rachid qui a prononcé une allocution du roi Mohammed VI sur les défis du phénomène migratoire pour l’Afrique dont l’identification des réponses adaptées lui a été également confiée par les chefs d’État africains lors du 28e sommet de l’organisation de janvier dernier.

Dans l’ensemble, les chefs d’État et de gouvernement du continent ont largement fait le déplacement. SI certaines absences ont été remarqués raisons comme c’est le cas du Sud-africain Jacob Zuma, de l’Égyptien Sissi ou du soudanais Omar El Béchir, d’autres étaient attendues comme pour le nigérian Buhari, le camerounais Paul Biya et l’algérien Bouteflika. D’autres présences ont par contre été surprenantes comme celle du congolais Joseph Kabila. Enfin il convient de rapporter que fidèle à son habitude, le président zimbabwéen Robert Mugabé a également fait sensation à l’occasion de ce sommet. Cette fois pas avec les diatribes anti-occidentales qu’on lui connait mais en remettant plutôt un chèque d’un million de dollars en faveur de la Fondation de l’Union africaine !

Source : La Tribune Afrique

 

 

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