Le trio fondateur du MPP, Roch, Salif, Simon (RSS)

Le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), le parti du président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré, se réunit en congrès à Ouagadougou dans une atmosphère tendue en raison de la guerre intestine que se livrent ses grands chefs.

La lutte au sommet décidera si le président Kaboré sort renforcer à la tête du pays ou si son gouvernement devra composer avec son principal rival.

Depuis l’élection de Roch Marc Christian Kaboré à la tête du pays, l’intérim de la présidence du parti est assuré par Salifou Diallo, président de l’Assemblée nationale, connu pour son franc-parler et sa maîtrise des rouages politiques du pays (il a longtemps été le bras droit de l’ancien président Blaise Compaoré).

Le MPP a été fondé en janvier 2014 par Kaboré et Diallo ainsi que l’actuel ministre de l’Intérieur, Simon Compaoré, trois anciens barons du régime de Blaise Compaoré.

Ils avaient rejoint l’opposition avant la chute de Compaoré et s’étaient emparés du pouvoir lors de la présidentielle de 2016.

Toutefois, le partage de rôles semble ne pas satisfaire les trois ténors, Salifou Diallo ne se gênant pas pour critiquer régulièrement le gouvernement et appeler à des mesures plus fortes.

« Le Congrès va redistribuer les cartes et permettre de voir combien chacun pèse. On va voir si Kaboré a les moyens de museler Diallo ou si Diallo a les moyens de prendre encore plus de place. (Simon) Compaoré a une carte à jouer. Kaboré doit le ménager mais Diallo aussi », souligne sous couvert de l’anonymat un observateur avisé de la vie politique.

Une guerre ouverte au sein du parti fragiliserait tous les acteurs et notamment le gouvernement qui fait face à une opposition grandissante. Dans un mémorandum intitulé « une année de perdue pour le Burkina Faso », l’opposition a dénoncé un « tricéphalisme » au sommet de l’Etat, en référence au trio fondateur du MPP.

« C’est à un affrontement à peine feutré que les ténors du MPP se livrent, le parti étant plus que jamais divisé en clans dont on voit l’animosité se manifester à tout bout de champ »‘, accuse un membre influent de l’opposition, Alphonse Marie Ouédraogo.

Les difficultés politiques et économiques, associées aux attaques djihadistes dont le Burkina est victime depuis début 2015, ont conduit le président Kaboré à procéder à un « réajustement » de son gouvernement, qui devait initialement être annoncé après le congrès, selon certains analystes.

« Un parti peut vivre ces moments et on croit que c’est la bagarre, que c’est l’implosion. Non, ce n’est pas le cas », nuance Djéjouma Sanon, membre du bureau politique national.

Plusieurs observateurs voient le président du parlement Salifou Diallo prendre la tête du MPP à l’issue du congrès, si la charpente d’un bureau exécutif avec un président est maintenue.

VOA /AFP

 

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