Le ministre d'Etat Simon Compaoré en plein entretien avec les Chefs coutumiers de l'ouest et les dozo

L’implantation des Koglwéogo à l’Ouest du Burkina continue d’alimenter les controverses. Ainsi au cours d’une rencontre organisée le 29 novembre 2016 à Bobo-Dioulasso avec les Dozo, le ministre de l’Administration territoriale, de la décentralisation et de la sécurité intérieure (MATDSI) Simon Compaoré a pu trancher définitivement sur la question en ces termes : « On ne peut faire le bonheur d’une population malgré elle ».

 Dans la matinée du mardi 29 novembre 2016 à 07heures, une ambiance particulière régnait au gouvernorat de Bobo-Dioulasso.

Des hommes à l’allure singulière arrivent en groupuscules. Souvent accompagnés de musique traditionnelle, ils s’installent sur des chaises métalliques placées sous le hangar. L’accoutrement de ces hommes en tenue traditionnelle (teintes de couleurs ocres, brunes et autres pigments de nature) parées d’amulettes et de talismans illustre leur identité : ce sont les Dozo. Venus des différentes régions du pays, la question d’implantation des Koglwéogo sur leur « territoire » est l’objet de leur présence sur les lieux.

Un seul message : Pas de  Koglwéogo à l’Ouest 

A 11heures, les centaines de places réservées pour  leur accueillir étaient déjà débordées par l’effectif des Dozo. Alors les derniers venus devraient se tenir débout pour assister à la réunion.

Le principal sujet concernait l’implantation des Koglwéogo à Pouya et à Makognadougou, partie intégrante de l’Ouest du Burkina Faso. Partant au cours de l’audition de leur « Chef d’Etat-major général » M. Boukary kaboré dit le ‘’Lion’’, par les Chefs coutumiers et les Dozo de la région sur la question, ce dernier affirmait avoir eu  l’autorisation du gouvernement pour installer ses bases sur toute l’étendue du territoire.

C’est à cette question que le ministre d’Etat Simon Compaoré devrait s’attendre. L’atmosphère était lourde et le silence pesant jusqu’à ce que le ministre d’Etat leur rassure en ces termes : «Chaque région a sa spécificité. A Bobo ici, les gens mangent les chenilles. Ce n’est pas pour autant qu’il faut les imposer aux Ouagalais. Cela, pour vous dire que je suis d’accord avec vous ».

En répondant à ceux qui pensent que les Koglwéogo sont imposés par l’Etat, il prévient : « On va dire la verité à ceux qui se baladent pour créer les troubles dans ce pays». Laquelle vérité qui n’est rien d’autre que « Qui que vous soyez dans ce pays, force reste à la loi ». Cependant, a-t-il insisté sur le fait que les Koglwéogo sont utiles dans les régions où elles sont reconnues. « On ne peut remplir de force la besace d’un vieux », dit-il. Avant de revenir sur la loi prise en Conseil des ministres par rapport à la police de proximité. « Nous allons faire le tour des 13 régions après le 11 décembre 2016, pour mieux expliquer la loi sur la police de proximité. Notre souhait est qu’il y ait la quiétude dans la cité », a précisé le ministre d’Etat en charge de la Sécurité.

 Jossira A.S (Correspondante à Bobo-Dioulasso)

.ENCADRE

 Après la rencontre des participants se sont exprimés à la presse

 Simon Compaoré, Ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité Intérieure (MATDSI)

Le décret relatif à la police de proximité démontre comment les forces régulières de sécurité vont travailler avec les associations qui œuvrent dans le domaine de la sécurité. Les Dozo en sont une. C’est pourquoi des missions leur seront confiées. Après le 11 décembre, nous allons parcourir les 13 régions du Burkina Faso pour expliquer le contenu de ce décret et l’implication des populations à l’œuvre de promotion de la sécurité. Par rapport aux bruits qui courent, je tiens à dire que l’Et

Le ministre d'Etat Simon Compaoré
Le ministre d’Etat Simon Compaoré

at ne peut forcer les populations à accepter les Koglwéogo. Ils ne sont pas une création de l’Etat, les Dozo non plus. Chacun en fonction de ses spécificités a créé une association. Nous voulons seulement que l’ensemble des associations respectent les lois de la République. C’est pour cela que nous avons parlé d’encadrement. Sinon, ce qui a été dit n’est pas vrai. Nous n’envisageons pas créer les Koglwéogo partout au Burkina Il appartient à chaque peuple, à chaque population et à chaque contrée, de décider de ce qu’il veut faire. C’est clair ! J’ai pris un exemple ici : vous mangez les chenilles. Moi je n’en ai jamais mangé. Alors, si vous venez à Ouagadougou pour m’obliger à manger les chenilles, on va faire la bagarre ».

Drabo Yacouba dit le Bong, Coordonnateur de l’Union panafricaine des Dozo sans frontière et de l’Union nationale des Dozo tradipraticiens de la santé du Burkina: « Les Dozo tradipraticiens regroupent aujourd’hui plus de 11000 membres au Burkina. Cette confrérie a toujours collaboré avec les forces de l’ordre. Elle n’a jamais imposé des lois, ni exigé quelque chose à qui que ce soit. Mais de nos jours, nous constatons l’existence de prisons faites par certains groupes de  Koglwéogo où des gens sont torturés avec des piquets, malmenés. Nous les Dozo sommes très déçus par ces pratiques peu recommandables. Je pense que l’adhésion à une association n’est pas une obligation, ni une affaire politique. Il ne faut pas obliger les villages à adhérer au phénomène des Koglwéogo. Nous voulons aussi attirer l’attention des autorités sur la question du port d’arme. Loin d’être un moyen de préserver la sécurité, la détention illégale d’armes provoque au contraire l’insécurité. Vous avez constaté qu’il y a des centaines de Dozo ici présents, mais il n’y a aucun fusil de chasse. Nous avons seulement nos fusils de traite qui nous accompagnent pour les cérémonies. Si le gouvernement ne prend pas de mesures par rapport aux détentions illégales de fusils de chasse, à la longue, tout le monde va se le permettre. Personne n’a le droit de détenir de manière illégale sous prétexte d’être un Koglwéogo ou d’appartenir à un groupe d’auto-défense. Cela doit être clair pour tout le monde. Car, si cette interdiction est levée pour les Koglwéogo, elle le sera aussi pour les Dozo. Il ne faut pas que le gouvernement ferme l’œil et laisse faire car, c’est son  autorité qui est en jeu. Les Koglwéogo ne doivent plus s’imaginer au dessus de la loi. S’il leur arrive d’envahir l’Ouest et de s’en prendre à un Dozo, de le ligoter et le torturer, il y aura confrontation. Quand bien même ils ne seront pas installés à l’Ouest, les mauvaises pratiques des Koglwéogo doivent cesser».

Blaise Sanou , Président de l’Association des Chasseurs Traditionnels Dozo : « La déclaration du ministre infirme la version de Boukary Kaboré. Cependant, la question des Koglwéogo déjà installés sur notre territoire attend d’être résolue, car   nous n’allons pas collaborer avec

M. Blaise Sanou
M. Blaise Sanou

eux. Contrairement à eux, nous n’allons pas à l’encontre de la loi ».

Ali Konaté : Président de l’Union Nationale des Dozo du Burkina : « Les Koglwéogo, à peine arrivés à Pouya, qu’ils font déjà  payer des amendes à la  population. Nous attendons leur démantèlement rapide et sans conditions à Makognadougou et Pouya. Autrement, nous allons user des moyens qui

M. Aly Konaté
M. Aly Konaté

sont à notre disposition pour faire respecter la volonté de nos chefs coutumiers ».

Propos recueillis par Jossira A.S

 

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