Le lider Maximo, Fidel Castro en 1986

Le père de la révolution cubaine, qui dirigea le pays pendant cinq décennies, s’est éteint à La Havane vendredi soir. Un deuil national de neuf jours a été décrété à Cuba. Sa mort, pleurée dans la capitale cubaine et célébrée à Miami, a suscité de nombreuses réactions internationales.

«Le commandant en chef de la révolution cubaine est décédé à 22h29 ce soir.» C’est par cette simple phrase que Raul Castro, son frère, a annoncé la nouvelle: Fidel Castro, père de la Révolution cubaine, est décédé vendredi soir à La Havane. Cuba avait célébré ces 90n ans en Août dernier. Après cinq décennies à la tête du régime communiste, et une sixième passée à l’écart du pouvoir pour raisons de santé, l’ancien chef d’État s’est éteint.

Le président cubain n’a pas révélé les causes du décès, mais a précisé que Fidel Castro serait incinéré, conformément à sa volonté. Les autorités cubaines ont décrété samedi neuf jours de deuil national. Son décès, qui survient à peine deux ans après l’annonce historique du rapprochement entre Cuba et les États-Unis, vient définitivement tourner la page de la Guerre froide, qui a mené le monde au bord du conflit nucléaire lors de la crise des missiles d’octobre 1962.

 Une personnalité du XXe siècle

Célèbre pour ses coups d’éclat et ses discours interminables autant que pour son uniforme, ses survêtements, ses cigares et sa barbe légendaire, Fidel Castro était un symbole de la lutte contre l’«impérialisme américain», tout en affichant lui-même un piètre bilan en matière de droits civiques et de libertés. Véritable morceau d’histoire du XXe siècle, il a défié 11 présidents américains et survécu à maints complots pour l’assassiner – un record de 638 selon le Livre Guinness des records. La mort de Fidel Castro, impliqué dans la Guerre froide, et notamment dans la crise des missiles de 1962, vient définitivement tourner la page de cette période historique.

Le révolutionnaire avait cédé le pouvoir à son frère Raul à partir de 2006 après une hémorragie intestinale. Il avait abandonné en avril 2011 ses dernières responsabilités officielles, en cédant son poste de premier secrétaire du Parti communiste de Cuba (PCC) à Raul, numéro deux du parti depuis sa fondation en 1965. Ce dernier se retrouve pour la première fois seule aux commandes du pays.

L’ex-président cubain avait totalement disparu des écrans cubains entre février 2014 et avril 2015, ce qui avait alimenté de nombreuses rumeurs sur sa santé. Mais depuis un an et demi, même si ses déplacement restaient limités, il avait recommencé à publier des «réflexions» et s’était remis à recevoir chez lui personnalités et dignitaires étrangers.

Rues vides à La Havane, scènes de liesse à Miami

Peu avant minuit vendredi, la nouvelle de la mort de Fidel Castro a interrompu les fêtes, vidé les rues de La Havane et paralysé cette île que le «Comandant» a façonné à son image durant un demi-siècle. «Tout le monde était stupéfait, c’était un moment très triste», raconte à l’AFP Yaimara Gomez, une employée de l’Hôtel Présidente à La Havane. «Perdre Fidel c’est comme perdre un père, un guide, le phare de cette Révolution», a déclaré Michel Rodriguez, un boulanger de 42 ans qui a appris l’information à la radio. «Fidel Castro était le plus grand», sanglotait de son côté Aurora Mendez, qui malgré ses 82 ans travaille encore dans une cafeteria de la vieille Havane. Marco Antonio Diaz, un laveur de voitures de 20 ans, faisait la fête quand, soudain, la musique s’est arrêtée. «Fidel est mort», a-t-il entendu dire tandis que la soirée se vidait. «Je suis revenu à la maison et j’ai réveillé tout le monde: Fidel est mort. Ma mère est restée bouche bée», raconte-t-il.

Les rues de la capitale et du célèbre Malecon, le boulevard longeant la mer, semblaient inhabituellement vides, samedi matin. La police venait de bloquer les accès à la place de la Révolution et jusqu’au 4 décembre, «toutes les activités et spectacles publics» seront interrompues, selon un communiqué officiel.

L’ambiance était bien différente à Miami, ville des États-Unis devenue bastion des exilés cubains. Des cris de joie et des slogans «Cuba libre!», «liberté, liberté!», des concerts de klaxons et casseroles, des embrassades ont accueilli l’annonce de la mort de Fidel Castro, principalement dans les rues des quartiers de Little Havana (la Petite Havane) et Hialeah où vivent ces Cubains qui ont fui le régime castriste. Le slogan «Cuba Libre» scandé dans ces manifestations spontanées est devenu le cri de ralliement de cette communauté qui s’est exilée à Miami après la prise du pouvoir par Fidel Castro en 1959.

«C’est triste de se réjouir de la mort de quelqu’un, mais en fait cette personne n’aurait jamais dû naître», se justifie Pablo Arencibia, un enseignant de 67 ans exilé depuis 20 ans aux Etats-Unis. «Le diable a de quoi s’inquiéter, Fidel monte le rejoindre et il va certainement essayer de récupérer son boulot», s’amuse-t-il dans le vacarme des manifestations de liesse. Dans les rues de la ville, l’hymne cubain a aussi été entonné vendredi soir, pendant qu’on débouchait des bouteilles de champagne. Mais pour beaucoup de ces Cubains, l’optimisme doit cependant être tempéré après la mort de Fidel Castro. «Je ne crois pas que cela va changer quelque chose», soupire Aymara.

Des hommages mitigés

«L’Histoire jugera l’impact énorme» de Fidel Castro, a réagi le président des États-Unis Barack Obama dans un communiqué. Donald Trump, qui lui succédera à ce poste en janvier, a préféré dénoncer le «dictateur brutal qui a opprimé son peuple».

Fidel Castro «avait incarné la révolution cubaine, dans les espoirs qu’elle avait suscités puis dans les désillusions qu’elle avait provoquées», a souligné François Hollande, réclamant une levée totale de l’embargo contre Cuba.

«Avec sa disparition, une page de l’histoire du XXe siècle se tourne. Elle avait été marquée par l’espoir de l’émancipation et la déception d’un système qui ne respectait pas les droits de l’Homme», a réagi le ministre des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault. «Fidel! Fidel! Mais qu’est-ce qui s’est passé avec Fidel? Demain était une promesse. Fidel! Fidel! L’épée de Bolivar marche dans le ciel», a écrit sur Twitter Jean-Luc Mélenchon avant de se rendre à l’ambassade de Cuba pour présenter ses condoléances et de se rendre à un rassemblement d’hommage à Paris. Le secrétaire national du Parti communiste français, Pierre Laurent, a rendu hommage à Fidel Castro ce matin en déclarant qu’il «restera dans l’Histoire» comme «l’un des dirigeants du mouvement d’émancipation humaine», qui a notamment «tenu tête à l’impérialisme américain».

Source : Le Figaro

NB : Le titre est de la rédaction

 

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