Le PCA de Coris Bank International, M. Idrissa Nassa

Lors de la VIe TICAD tenue au Kenya en août 2016, le secteur privé africain a été impliqué de façon exceptionnelle pour la premières fois. Et parmi les orateurs qui ont parlé au nom de ce secteur, M. Idrissa Nassa, PDG de la holding Coris que l’on retrouve aujourd’hui aussi bien dans le secteur de la banque que dans celui des assurances et de l’hôtellerie. Il nous parle ici de cette expérience et de la gouvernance des affaires de façon générale et révèle qu’il ne sera pas candidat à la présidence de la Chambre de commerce. Interview publiée le 15 septembre sur le site du LeFaso.net.

Vous avez participé à la TICAD VI au Kenya ; dans quelles circonstances avez-vous pu participer à cette rencontre ?

J’ai été invité par la Présidence de la commission de l’Union Africaine en tant qu’investisseur représentant le secteur privé Africain au sommet de la TICAD à Nairobi au Kenya.

Vous avez parlé au nom du secteur privé africain ; Comment avez-vous vécu l’expérience ?

C’était une belle expérience de pouvoir m’adresser à l’ensemble des chefs d’Etats et de Gouvernement présents et aussi au Premier Ministre Japonais et sa délégation.

Qu’avez-vous dit aux Chefs d’Etat africains présents à cette rencontre ?

J’ai souligné le rôle et la contribution du secteur privé au développement de notre continent, la nécessité que les dirigeants aient plus de considération pour lui et lui accorder plus d’espace et d’avantages pour lui permettre de se développer. J’ai souhaité que nos chefs d’états s’inspirent du capitalisme Nipon qui est initié par un Etat visionnaire et stratège porté par un secteur privé soutenu et protégé pour en faire aujourd’hui le socle de l’économie mondiale. J’ai présenté le fait que le secteur privé soit prêt à jouer sa partition dans cette décennie très favorable à l’Afrique, pour peu qu’on lui fasse confiance et que les Etats offrent un environnement propice, débarrassé des guerres et autres calamités qui naissent des querelles politiques.

De quoi souffre aujourd’hui le privé Africain ?

Le secteur privé africain souffre surtout de la qualité de l’environnement des affaires dans nos différents pays, du manque de soutien réel des politiques, des difficultés d’accès aux financements, du manque d’infrastructures, du retard technologique, de l’étroitesse des marchés et de la qualité du capital humain.

Selon vous quelle peut être la contribution de la TICAD au développement de l’Afrique ?

La TICAD pourrait consacrer une partie de l’aide destinée aux pays Africains dans le soutien au secteur privé africain et encourager les hommes d’affaires japonais à sceller des alliances stratégiques avec leurs homologues africains pour développer la technologie, les services et la production industrielle.

Vous avez surtout soulevé la nécessité de développer le privé africain pour un réel essor du continent. Quel est aujourd’hui le niveau de contribution du privé dans la production en Afrique ?
Les statistiques révèlent que le secteur privé africain contribue pour environ 70 % de la production et des investissements et 90 % des emplois générés sur le continent.

En dépit de sa contribution à la production, le privé reste embryonnaire en Afrique ; qu’est-ce qui explique cela ?

Cette situation pourrait s’expliquer par plusieurs aspects parmi lesquels le faible niveau des infrastructures sur le continent, la mauvaise sinon le manque de structuration des projets, les problèmes d’expertise ou de niveau de formation des acteurs, les coûts des facteurs de production, les problèmes liés à l’intégration des espaces économiques, les choix stratégiques des gouvernements sur les questions économiques, le pouvoir d’achat des consommateurs.

L’autre mal est aussi l’instabilité du privé africain. Des entreprises sont créées mais disparaissent après quelques années de fonctionnement. Que proposez-vous concrètement pour remédier à cela ?

Il est important que des structures d’encadrement se mettent en place dans tous les pays et soient outillées pour accompagner et guider les promoteurs pour une bonne orientation de leur projets. On ne se lance pas dans la création d’une entreprise parce qu’on a échoué ailleurs ou parce qu’on a vu quelqu’un réussir, il faut plutôt avoir une fibre entreprenariale, se former et s’informer sur le secteur d’activité à promouvoir et avoir une vision de développement de son affaire sur le long terme.

Certains milieux d’affaires voient en vous le futur Président de la chambre de commerce du Burkina, qu’en est-il exactement ?

Je ne me porterai pas candidat pour la Présidence de la chambre de commerce, et cela est un choix personnel dont je souhaite qu’il soit instructif pour la corporation des affaires. On ne devrait pas se battre pour rechercher les honneurs de President de la chambre, mais plutôt apporter son honneur à l’institution. L’honorabilité et la sociabilité s’acquièrent au quotidien dans la qualité de gestion de nos entreprises et de notre considération des autres. Je remercie tous ceux qui ne cessent de me manifester individuellement ou collectivement leur souhait de me voir à la présidence de la chambre. Cette marque de confiance et de considération renforcent mon engagement pour l’émergence d’un secteur privé fort, solidaire et dynamique contribuant avec efficacité à la construction d’une nation forte.
Lefaso.net

 

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